“Améliorer le climat scolaire demande une vraie démarche pédagogique. Les acteurs de l’école doivent changer de posture, dépasser le ‘vivre ensemble’ pour ‘faire ensemble’. Car le climat scolaire, c’est d’abord et avant tout la question du collectif”, déclare André Canvel, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, mardi 3 mai lors des “Journées de la refondation de l’école”, à l’occasion d’un atelier sur le climat scolaire.
Collectif, diagnostics partagés et évaluation positive
André Canvel, qui coordonne le “Plan national de prévention contre le harcèlement scolaire”, prône l’injection du collectif à l’école pour améliorer le climat scolaire. Pour lui, “cela passe d’abord par l’organisation du travail de tous les élèves, en ne basant plus notre système sur la performance individuelle, mais sur l’apprentissage collectif”.
Cette démarche passe par un “travail commun” entre enseignants, face aux violences et au harcèlement scolaire. “Il faut réussir à contraindre les enseignants à sortir du cadre de leurs salles de classe et de leurs disciplines, à réorganiser leurs temps d’enseignement, pour travailler ensemble”, indique A. Canvel.
“Car pour être capable de repérer chez un enfant des choses qui posent problèmes en terme de violences ou de harcèlement, il faut que l’on partage notre regard sur lui et que l’on crée un diagnostic partagé”, ajoute-t-il.
Pour l’expert en climat scolaire, l’enseignant “doit aussi accepter de se remettre en question et d’observer les effets de ses actes et de ses paroles sur l’élève”. Car, rappelle-t-il, “l’élève fait confiance à son prof, ce même prof qui en conseil de classe ou dans les évaluations vient le sanctionner sur son parcours”.
André Canvel, qui défend “l’importance de l’évaluation positive”, remarque que pour bâtir un climat scolaire positif et propice au bien-être de l’élève, “l’enseignant devrait reconnaître sa part de responsabilité dans l’échec de l’élève”. Et de proposer de “supprimer les conseils de classe, qui comportent parfois des stratégies pédagogiques violentes, pour les remplacer par des conseils de suivi… afin de créer une vraie relation de confiance”.
La “discipline de l’écoute” : connaître et “prendre soin” de ses élèves
De son côté, Michaël Masson, enseignant et membre de l’équipe mobile de sécurité (EMS) de l’académie de Lille, a présenté les outils qu’il utilise pour mesurer le climat scolaire : les questionnaires de climat scolaire et de victimation (QCS), qui permettent de “poser un diagnostic partagé sur le climat scolaire de l’établissement”. L’idée étant “de donner la parole (anonymement) à tout le monde, personnels, élèves et parents”.
En tant qu’ancien enseignant en collège, il est aussi revenu sur “le travail à mener à l’échelon de la classe”. Quand il était professeur principal, il s’était rendu compte qu’il avait “commis des boulettes, par exemple des punitions inadaptées, ou des exigences intenables pour certains élèves”, et que “la raison de ces boulettes tenait dans le fait que je ne connaissais pas mes élèves”. Michaël Masson a alors “bricolé des petits questionnaires pour libérer la parole et comprendre, un peu, ce que les enfants pouvaient vivre sur l’ensemble de leur temps scolaire”.
Pour améliorer le climat scolaire, et notamment lutter contre le décrochage, il prône “la discipline de l’écoute”, la bienveillance. Ainsi, remarque-t-il, “on apprend au prof à parler, mais pas à écouter. Les Anglais ont un terme pour ça, le ‘care’, qui signifie ‘prendre soin’.” Dans sa classe, le professeur “s’était rendu compte qu’en prenant soin des élèves, c’est-à-dire en les écoutant et en leur donnant la parole, en retour, ils se sentaient bien et travaillaient mieux”.
Améliorer le climat scolaire pour lutter contre le harcèlement
Concernant le harcèlement scolaire, qui dépend étroitement du climat scolaire, Chloé Riban, chargée de mission auprès d’André Canvel, a présenté les outils mis en place depuis 2012 par le gouvernement : il existe ainsi un numéro vert, le 3020 (qui donne accès à une prise en charge et à la saisie d’un référent harcèlement), un site de sensibilisation, “Non au harcèlement”, et un parcours sur la plateforme M@gistère, permettant aux enseignants de “se former sur la question du harcèlement”.
Les principaux “leviers du climat scolaire” utilisés pour prévenir le harcèlement sont, indique C. Riban, la “co-éducation” (un travail avec les familles), “les stratégies d’équipe” (une action collective et une formation au repérage), l’implication des élèves (“ambassadeurs lycéens”, production de contenus dans le cadre du Prix “Non au harcèlement”), et “un travail sur la justice scolaire (réglements intérieurs, mesures de responsabilisation), “qui permet de se sentir bien dans son établissement”.
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