Le projet d’un réseau social destiné aux profs remonte à 2011. A l’époque, “le Réseau Canopé est parti du constat qu’avec le numérique, un certain nombre de possibilités n’étaient pas assez saisies par les enseignants, en terme de collaboration”, raconte François Catala, ex-directeur général adjoint en charge des métiers au sein de Canopé, aujourd’hui directeur de Viaéduc.
“On observait dans les outils à disposition et dans les pratiques des professionnels de l’éducation, de l’échange de bonnes pratiques, de conseils et de ressources… mais soumis à des silos verticaux. Les disciplines, les degrés, les académies constituaient autant de barrières freinant la collaboration entre enseignants et l’intelligence collective”, explique-t-il.
En 2012, répondant à un appel à projets des Investissements d’avenir, e-Éducation, des acteurs publics (Réseau Canopé, CNED, Laboratoire TECHNE de l’Université de Poitiers) et privés (Editions Belin, Les Argonautes, Beechannels, Leancurve) créent un GIE (Groupement d’Intérêt Public), le “Réseau Professionnel des Enseignants”. Avec l’idée de “faciliter et d’encourager la collaboration entre profs, dans une posture de pair-à-pair”.
Un outil de « mise en réseau » des profs

Viaéduc : des groupes de pros de l’éducation travaillant sur des sujets variés – ici la technologie au collège / Capture
Lancé en mai 2015, Viaéduc permet déjà à 30.000 professionnels de l’éducation de “travailler ensemble”, à travers une interface simple et conviviale. “Notre objectif, c’est de recruter 150.000 inscrits d’ici juillet 2017”, indique François Catala.
L’utilisation de Viaéduc par les enseignants est “très variée”, note-t-il. Le site est ainsi “un outil de mise en réseau des enseignants” et un outil pour “la conduite et l’animation de groupes”, qui “travaillent sur des sujets divers” – par exemple, des projets pédagogiques, comme la production d’une ressource ou d’une séquence didactique.
Communautés d’intérêt et de pratiques
D’autres réseaux se développent sur Viaéduc : des “communautés d’intérêt”. Selon François Catala, “il s’agit de profs venant d’horizons très différents, quelque soit le degré, la discipline, l’académie ou le niveau, et qui se retrouvent sur des centres d’intérêt pédagogiques”.
Ainsi, existe-t-il une “grosse communauté, “réfléchissant sur la classe inversée”, issue du Mooc organisé en 2015 sur FUN par Canopé. Ses 1964 membres partagent des ressources et confrontent leurs expériences.
Des “communautés de pratiques” se tissent aussi sur Viaéduc, regroupant des personnes exerçant le même métier – par exemple, des professeurs documentalistes, ou des conseillers d’orientation-psychologues (COP). “Il y a 4000 COP en France, mais il n’y avait pas d’outil, avant, permettant un tel échange”, indique François Catala. Sur le site, 700 d’entre eux échangent désormais “sur leur pratique professionnelle”.
D’autres communautés “se rattachent à des problématiques transversales et sociétales touchant l’école”. Il existe ainsi sur Viaéduc, des groupes de travail “très productifs”, travaillant par exemple sur le climat scolaire ou le cyberharcèlement, produisant des ressources “destinées aux profs et aux autres personnels d’établissement confrontés à ces questions”.
Viaéduc compte en outre plusieurs TraAM (Travaux Académiques Mutualisés), “impulsés par des IEN ou des IA-IPR, qui cherchent à faire travailler, entre académies, différents enseignants”. Par exemple, un TraAM porte sur le complotisme, et consiste à “éditer des ressources et des outils pour la classe”.
Des jeunes profs “à la recherche de conseils”
“Au delà de leurs silos (la salle des profs, l’académie), les membres du site se mettent en réseau, font connaissance, et surtout, vont chercher de l’information, du conseil, de l’expertise, chez des collègues”, décrit François Catala. “Les enseignants ne partagent pas tant leurs difficultés en classe que leurs difficultés pour aborder un sujet : beaucoup d’enseignants (jeunes, en particulier) sont à la recherche de séquences didactiques, d’exemples d’expériences vécues par les autres ou de conseils”, ajoute-t-il.
Là où Viaéduc se démarque de Twitter et Facebook, c’est dans la composition de ses membres et son côté “privé” : “le réseau social ne s’adresse qu’aux professionnels de l’éducation. Cette homogénéité permet de libérer la parole. Cette plateforme réunit des gens qui partagent une même problématique professionnelle, et les mêmes questionnements”, constate le directeur du site.
Des ressources partagées ou “produites à plusieurs mains”
Des outils permettent en outre de “produire, à plusieurs mains, collectivement”, des ressources. Plus de 13.000 ressources sont indexées sur la plateforme – toutes générées par les utilisateurs (partagées ou créées). “On a une dimension large de ce qu’est une ressource : ce n’est pas juste une granule documentaire, un document PDF, une vidéo ou un son. Il peut aussi s’agir de quelques lignes, avec un lien URL”, explique F. Catala.
Dans un deuxième temps, Viaéduc proposera aussi un accès à des ressources externes, éditées par des éditeurs professionnels : “on y retrouvera bientôt plusieurs milliers de documents édités par Canopé, Belin, ou encore Beebac, un réseau social dédié aux étudiants, qui ne seront pas hébergées sur notre site, mais que nous référencerons”.
D’ici la rentrée 2016, le directeur de Viaéduc compte “améliorer l’intégration du réseau social dans l’écosystème du numérique éducatif”, en créant une “interconnexion” avec M@gistère, plateforme de formation en ligne. “Nous sommes complémentaires. M@gistère touche des milliers d’enseignants, mais manque d’horizontalité : une fois la formation terminée, la communauté éphémère qui s’est créée se perd. Nous pourrions permettre aux profs de se retrouver, au-delà de leur e-formation”, indique-t-il.
Et de conclure : “notre réseau social ne s’adresse pas qu’aux ‘geeks’ de l’éducation nationale, mais à tous les enseignants. Ce que nous cherchons, c’est amener au numérique un certain nombre de profs qui aujourd’hui, ne penseraient pas forcément à utiliser un réseau social pour un usage professionnel”.
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