Le délégué ministériel en charge de la prévention des violences en milieu scolaire, André Canvel, chargé d’une mission à Mayotte, a estimé vendredi à Mamoudzou qu’il y avait des « préoccupations » mais « pas de gravité », concernant la situation mahoraise.

« Il y a sur le territoire mahorais une chance inouïe, c’est que les parents et les enfants accordent à l’école une place primordiale », a dit à l’AFP M. Canvel, quelques semaines après une série d’actes de violence aux abords et à l’intérieur des établissements scolaires de l’île, en février, qui avait poussé les enseignants à exercer leur droit de retrait, les cars à suspendre le ramassage scolaire, et les parents à manifester dans les rues.

M. Canvel a précisé que sa mission consistait à « faire un diagnostic sur la situation à Mayotte des violences en milieu scolaire de manière à pouvoir apporter un soutien à la politique de la vice-rectrice et de tous les acteurs du système éducatif ».

M. Canvel, qui a rencontré jeudi les différents acteurs du milieu éducatif mahorais et les associations, devait faire vendredi le tour de l’île à la rencontre des élus et des cadis (responsables religieux musulmans).

Sur la situation à Mayotte, il juge « qu’il y a des préoccupations mais il n’y a pas de gravité », notamment parce que « la population mahoraise est extrêmement attachée à l’école », et que les acteurs qu’il a rencontrés « sont complètement convaincus que l’école est le lieu privilégié de la prise en charge des problèmes de violence juvénile ».

Face à cette situation, « il ne s’agit pas de créer des nouvelles choses, il s’agit de faire travailler les acteurs du système éducatif mahorais autrement avec les jeunes pour répondre à cette problématique que nous connaissons, qui est nouvelle sur ce territoire, d’une jeunesse qui prend son élan et qui modifie les codes ».

Selon lui, « les problèmes des délinquants juvéniles, de collusion, de mise en gangs des jeunes, sont directement liés à l’absence du père » ou « d’une instance adulte ». « Je pense aujourd’hui que notre société s’est profondément sécularisée, individualisée, atomisée, et l’adulte a oublié son rôle de référent vis-à-vis d’une jeunesse qui en a nécessairement besoin pour devenir adulte ».