Le délégué ministériel en charge de la prévention des violences en milieu scolaire, André Canvel, chargé d’une mission à Mayotte, a estimé vendredi à Mamoudzou qu’il y avait des « préoccupations » mais « pas de gravité », concernant la situation mahoraise.

Cette mission de diagnostic, réalisée à la demande de l’académie était prévue depuis novembre et n’est pas liée aux événements de février dernier, a précisé vendredi soir à l’AFP le vice-rectorat. Début février, une série d’actes de violence aux abords et à l’intérieur des établissements scolaires de l’île, avait poussé les enseignants à exercer leur droit de retrait, les cars à suspendre le ramassage scolaire, et les parents à manifester dans les rues.

Selon André Canvel, 75% des faits de violence se déroulent en dehors des établissements, soit aux abords, soit durant les transports. Les 25% restants sont le fait d’intrusions au sein des écoles. « Les établissements à Mayotte sont des lieux où la sécurité est assurée », a-t-il expliqué.

Il a précisé qu’il y avait dans les établissements « très peu de microviolences, de harcèlement au sens où on l’entend ». « C’est un département où il n’y a presque pas d’agressions physiques ou verbales envers les enseignants ».

André Canvel a rencontré des chefs d’établissements des 1er et 2nd degrés, des CPE, des infirmiers scolaires, des associations, le Grand Cadi de Mayotte (chef religieux), le procureur de la République, la directrice de cabinet du Préfet, la police et la gendarmerie. Il a également visité des quartiers de Mamoudzou pour tenter de comprendre les rivalités intervillageoises.

Après cette visite, il établira un diagnostic et le vice-recteur de Mayotte Nathalie Costantini fera des préconisations. Pour elle, une des pistes serait d’augmenter le nombre d’EMS (les Equipes Mobile de Securité) aux abords des établissements, augmentation des effectifs qui a commencé en début d’année.

« Il y a sur le territoire mahorais une chance inouïe, c’est que les parents et les enfants accordent à l’école une place primordiale », avait dit un peu plus tôt à l’AFP M. Canvel, jugeant que dans les établissements scolaires à Mayotte, « il y a des préoccupations mais il n’y a pas de gravité », notamment parce que « la population mahoraise est extrêmement attachée à l’école ».

« Il ne s’agit pas de créer des nouvelles choses, il s’agit de faire travailler les acteurs du système éducatif mahorais autrement avec les jeunes pour répondre à cette problématique que nous connaissons, qui est nouvelle sur ce territoire, d’une jeunesse qui prend son élan et qui modifie les codes », a-t-il dit.

Selon lui, « les problèmes des délinquants juvéniles, de collusion, de mise en gangs des jeunes, sont directement liés à l’absence du père » ou « d’une instance adulte ». « Je pense aujourd’hui que notre société s’est profondément sécularisée, individualisée, atomisée, et l’adulte a oublié son rôle de référent vis-à-vis d’une jeunesse qui en a nécessairement besoin pour devenir adulte ».