L’occupation par une centaine de migrants d’un lycée en travaux du XIXe arrondissement de Paris a provoqué vendredi la colère des autorités, notamment de la région qui a exigé son évacuation par la police.

Au nombre de 150, selon le collectif La Chapelle Debout qui les soutient, ces migrants ont investi le lycée professionnel Jean-Jaurès dans la nuit de jeudi à vendredi après avoir quitté le campement sauvage situé sous le métro aérien de la station Stalingrad (nord-est de Paris), plusieurs fois démantelé ces derniers mois mais qui se reconstitue régulièrement.

Les occupants de diverses nationalités – afghane, yéménite, soudanaise, érythréenne, somalienne notamment, selon le collectif – ont déployé sur le bâtiment des banderoles « Un toit, des papiers pour tous les réfugiés », « Nous sommes des êtres humains », « C’est ça la France? », a constaté une journaliste de l’AFP.

Peu après 17H00, ils se sont barricadés en soudant la grille d’entrée, a-t-on également constaté.

Selon un bénévole qui « n’appartient à aucune association », il s’agit uniquement d’hommes et ils ont sur place l’eau et l’électricité.

La région Ile-de-France, dirigée par Valérie Pécresse (LR), a annoncé dans un communiqué avoir « saisi le préfet de police pour demander l’évacuation immédiate de ce lycée qui doit accueillir, après une phase de réfection, les élèves et personnels du lycée régional du bâtiment et des travaux publics actuellement situé dans le XVe arrondissement ».

« La région portera plainte pour les infractions commises et les éventuelles dégradations qui pourraient découler de cette occupation illégale », a-t-elle ajouté.

Le préfet d’Ile-de-France et préfet de Paris, Jean-François Carenco, a également « dénoncé très fermement (cette) occupation sauvage ».

« Dans ce pays, c’est la loi qui commande, pas la force. Ils s’attaquent à un établissement non pas vide mais en travaux. C’est une honte. La France est une terre d’asile mais pas une terre de pagaille », s’est-il indigné auprès de l’AFP, estimant que « ces gens sont manipulés » par des collectifs.

La préfet a rappelé que 18 opérations de mise à l’abri de migrants présents sur des campements à Paris ont déjà eu lieu depuis le 1er juin 2015, donnant lieu à la mobilisation de 6.453 places d’hébergement.

Ces migrants fuient le campement de fortune de Stalingrad, où « plus de 450 personnes » sont revenues depuis son dernier démantèlement le 30 mars, selon Valérie Osouf du comité La Chapelle Debout.

« Les conditions de vie y sont insalubres, il y a des cas de pneumonie, de tuberculose, de gale. Et il y a beaucoup trop de monde, ça crée des tensions », a-t-elle déclaré à l’AFP.

« Le but (de l’occupation) est de mettre (la maire de Paris) Anne Hidalgo face à ses déclarations, quand elle dit qu’Angela Merkel a sauvé l’honneur de l’Europe en accueillant des réfugiés. Si elle a honte, qu’elle ouvre des gymnases, des endroits pour les accueillir dans des conditions dignes. Cette action est un levier pour entamer une négociation », a-t-elle expliqué.

« On ne sait pas combien de temps on va rester mais on n’a nulle part où aller », a confié à l’AFP un étudiant soudanais de 25 ans présent dans le bâtiment.

« En priorité, il nous faut des papiers. Nous avons besoin que le gouvernement français nous accepte comme réfugiés. L’UE sait ce qui se passe au Soudan, j’ai fui la guerre et je cherche juste un endroit pour vivre en sécurité », a-t-il expliqué.