Le Palais des festivals de Cannes a été le théâtre jeudi d’une attaque terroriste fictive, dans le cadre d’un exercice d’entraînement des forces de l’ordre, à trois semaines de la plus grande manifestation mondiale du septième art.

« L’exercice n’est pas la réalité, mais l’exercice permet de préparer la réalité et de limiter le risque », a souligné le maire LR de Cannes, David Lisnard, à l’issue de cet entraînement grandeur nature, qui a mobilisé quelque 200 figurants.

« Les risques évoluent. Qui aurait pensé qu’on serait dans une telle situation il y a dix ans, cinq ans? Les bâtiments ont été conçus il y a 30 ans, alors que les problématiques de sécurité n’étaient pas les mêmes », a noté l’élu.

Jeudi, deux attaques ont été simulées. La première s’est déroulée vers 09H00 devant un centre de formation d’apprentis dans l’ouest de Cannes, où l’explosion d’un véhicule piégé a provoqué des dommages matériels et humains, « un premier acte qui a commencé de manière gravissime », a résume Philippe Jos, commissaire divisionnaire de Cannes.

Puis, quatre terroristes ont fait irruption au Palais des festivals de Cannes, dans une salle de cinéma où se trouvaient 180 personnes, obligeant les forces de l’ordre à agir en même temps sur deux sites différents.

Deux établissements scolaires ont aussi mis en oeuvre leur propre dispositif de sécurité en plaçant leurs élèves à l’abri.

La simulation s’est déroulée en plein jour sur les marches du Palais des festivals, parées pour l’occasion d’un tapis bleu pour accueillir les assaillants. Quatre terroristes cagoulés, avec armes et sacs à dos, ont subitement surgi devant le centre de congrès avant de s’y engouffrer, poursuivis par deux policiers municipaux, qui les ont tenus en joue. Du haut des marches, l’un des terroristes a tiré une rafale d’arme automatique, faisant s’écrouler à terre quelques passants et policiers.

Toutes les forces de l’ordre sont entrées en jeu. Des policiers nationaux se sont précipités au chevet d’un camarade blessé, d’autres ont monté les marches à vive allure, semble-t-il un peu à découvert. Puis un premier groupe d’une quinzaine d’otages est parvenu à sortir du Palais des festivals, les mains sur la tête.

Tandis que la gendarmerie planquait derrière des bacs à fleurs, des sapeurs-pompiers ont aidé deux otages blessés à descendre les marches, avant l’arrivée du Raid qui est parti à l’assaut des terroristes.

Bilan de ce scénario fictif : 31 morts et 42 blessés. Trois terroristes ont été abattus et le quatrième s’est fait exploser, en faisant 7 victimes.

« Nous avons travaillé en temps réel, j’ai moi-même quitté mon bureau au moment du premier attentat », a expliqué Philippe Castanet, sous-préfet à Grasse. « Le principe était de surprendre, il ne s’agit pas d’un spectacle, nous en tirons de très nombreux renseignements », a-t-il ajouté.

L’exercice permet notamment de déceler des imperfections à corriger en matière de coordination et de remontée des informations. « L’hôpital de Cannes impliqué dans le dispositif n’était par exemple pas au courant de l’arrivée de blessés et a constaté que tous ses blocs étaient occupés au lieu de mobiliser d’autres établissements. Certaines informations sont remontées à Nice avant Cannes », indiqué le représentant de l’Etat, qui a organisé un vaste « débriefing » avec tous les participants à l’issue de l’exercice jeudi après-midi.

Le Festival de Cannes sera entouré du « plus haut niveau de sécurité possible », avec un dispositif qui englobera l’ensemble de la ville, transports compris, ont promis le 12 avril à Paris le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et le maire de Cannes David Lisnard à l’issue d’une rencontre.

La 69e édition du festival aura lieu du 11 au 22 mai et devrait attirer 200.000 festivaliers, ainsi que de nombreuses stars et personnalités.