Alexandre Balet est prof d’histoire au collège expérimental Clisthène (Bordeaux) depuis un an. Mais c’est dans son précédent établissement, à Biscarosse, qu’il a découvert la classe inversée, en 2013.
“J’enseigne depuis 5 ans. Au début, j’avais tendance à reproduire ce que j’avais vu ailleurs : des cours magistraux. Mais ça ne fonctionnait pas. J’avais des élèves adorables, qui m’écoutaient… mais je sentais qu’ils s’ennuyaient, et moi aussi je m’ennuyais”.
A. Balet “remet en question” sa façon d’enseigner. Avec l’envie de “redonner le plaisir du travail aux élèves” et d’en “réconcilier certains avec l’école”, il se tourne vers la pédagogie active et la classe inversée. Objectif : “dégager du temps pour faire des activités, rendre les élèves plus actifs, et être moi-même plus efficace”.
Le prof crée un site Internet, “La Classe d’Histoire”, destiné à accueillir des ressources (activités, capsules) avec ses élèves de 6e, 5e, 4e et 3e. Puis il se lance dans la classe inversée.
Blocs d’apprentissage et autonomie
Au fil du temps, le projet d’A. Balet finit par dépasser le simple visionnage en amont d’une vidéo. L’enseignant a créé un système basé sur des “blocs d’apprentissage”.
Un bloc d’apprentissage correspond à une séance. Ensemble, plusieurs blocs forment une séquence pédagogique (chapitre). “Dans chaque bloc, il y a 3 étapes : ‘avant la classe’, ‘pendant la classe’ et ‘après la classe’. Pour chaque étape, il y a des activités à réaliser’”, décrit A. Balet.
“L’originalité tient dans le choix donné aux élèves : ils vont pouvoir faire ces blocs d’apprentissage dans l’ordre qu’ils souhaitent, et non suivant un plan linéaire. Ce qui les motive énormément”, indique l’enseignant.
Dans chaque bloc, “les activités sont également au choix. Ce sont des ‘parcours’ qui permettent de travailler les mêmes compétences, mais avec des niveaux de difficulté et des thèmes différents”.
Exemple avec le bloc d’apprentissage n°2 du chapitre sur la Seconde Guerre mondiale. Avant la classe, l’élève visionne une vidéo sur “le déroulement de la guerre”, puis répond à un quizz.
Pendant la classe, il a le choix entre 2 activités. Il doit “raconter le déroulement de la guerre” à partir de cartes et de vidéos, ou à travers une tâche complexe, qui consiste à “reconstituer” la bande son d’un documentaire.
Après la classe, l’élève a accès à un quizz qui lui permet de tester ses connaissances. Il a aussi accès à un “cahier en ligne” dans lequel Alexandre Balet a “centralisé” les travaux de toute la classe (définitions, copies scannées). Une trace écrite supplémentaire, à côté du cahier papier de l’élève.
Une classe à géométrie variable
Les collégiens suivent un “plan de travail” – collectif et individuel, qui leur permet de s’organiser par eux-mêmes. Ils peuvent choisir de travailler seuls ou en groupe lors de leurs activités.
“Ma classe est à géométrie variable. Elle est disposée et organisée en îlots, mais les élèves peuvent bouger les tables et composer des groupes. Ma phrase fétiche : ‘dans ce chapitre, nous avons 5 séances. A vous de jouer !’”, indique A. Balet.
Pour le prof, le fait de laisser “un maximum d’autonomie” aux élèves “est un moyen de leur redonner le plaisir de travailler”. Ainsi, “ils sont volontaires, au lieu de traîner les pieds comme autrefois, lorsqu’ils ne faisaient que suivre des directives. Ce qui me permet de les aider plus efficacement”.
Les élèves s’auto-organisent
Les capsules à visionner, des “mises en bouche” qui durent entre 3 et 4 minutes, peuvent être regardées chez soi mais aussi en classe, avec les ordinateurs portables de l’école. Les 3e ont aussi le droit d’utiliser leurs propres smartphones.
L’auto-organisation est de mise. “Je ne leur donne plus vraiment de directives : ils se donnent eux-mêmes des ‘devoirs’. Ils savent que pour la séance prochaine, ils s’attaqueront à tel ou tel bloc, et qu’ils devront donc le préparer avant la classe”, note A. Balet. Résultat, en classe, chaque élève “suit un parcours différent”.
Si l’enseignant a “totalement abandonné” le cours magistral, il fait en sorte “qu’il y ait au moins 1 ou 2 séances de mise en commun des connaissances, où nous prenons le temps de récapituler ce que nous avons vu, à travers un tableau de synthèse, un croquis ou une carte mentale”.
Pédagogie active et différenciation
Les élèves sont davantage “actifs et acteurs”. Pour l’enseignant, la classe inversée est un moyen de rendre les élèves “davantage actifs”, mais aussi de “passer plus de temps avec chacun”.
“J’apporte une aide personnalisée à chaque élève. Je peux différencier mon enseignement”, indique A. Balet. “Il est là, le coeur de notre métier. Je vais pouvoir mettre le doigt là où y a une difficulté… alors qu’avec une classe de 25 élèves, sans cette forme de pédagogie active, je n’aurais jamais pu passer autant de temps avec chacun”.
Chacun travaille à son rythme : “pendant que j’aide un élève en difficulté, un autre, en avance, pourra continuer à travailler, sur un autre bloc d’apprentissage, voire avancer sur le chapitre suivant, ou aider un camarade”.
Des élèves « actifs et réellement enthousiastes »
Depuis qu’il s’est lancé dans la classe inversée et la pédagogie active, Alexandre Balet constate que ses élèves sont “davantage souriants, motivés”.
Et les élèves fâchés avec l’Histoire finissent même par être conquis. “Ceux qui perçoivent cette discipline comme le simple apprentissage de dates se rendent compte qu’on peut l’étudier autrement. Ils ne se réconcilient pas forcément avec l’Histoire, mais ils se mettent plus volontiers au travail. Alors qu’autrefois, c’était vraiment un truc qui ne les intéressait pas du tout”, conclut l’enseignant.
Excellent!!!!!
Génialissime, je suis à fond pour la classeinversée. Merci aux profs qui mettent leur savoir à la portée des élèves. Â bas les cours magistraux! Chacun peut avancer à son rythme et développer sa curiosité.
Bjr le professeur de ma fille qui est en 5ème cette année utilise cette méthode et depuis l’année derniere m’a fille n’y arrive pas du tout. Comment l’aider car elle est complètement démoraliser ? Merci pour votre aide