Quelque 1.700 personnes, selon la préfecture, 4.000 selon FO, ont manifesté samedi à Rennes contre la loi travail, un défilé marqué par des heurts avec les forces de l’ordre, huit interpellations et des blessés de part et d’autre selon différentes sources.

Le préfet d’Ille-et-Vilaine Patrick Strzoda a dénoncé la présence dans le cortège de « 650 personnes ayant un profil de casseurs, dont 80 cagoulées », « équipées pour casser » avec notamment des battes de base-ball ou des barres de fer, comme le montrent des images tournées depuis un hélicoptère de la gendarmerie et diffusées par le préfet lors d’un point de presse.

A plusieurs reprises, les forces de l’ordre, interdisant l’accès au centre historique de Rennes et la place du Parlement, et cibles de projectiles — « fumigènes, bouteilles remplies de liquide inflammable, calots (grosse bille de verre NDLR) selon le préfet– ont répliqué en tirant quelque 200 grenades lacrymogènes et des grenades assourdissantes.

Elles ont aussi mené des charges parfois « musclées » a constaté l’AFP, notamment quand certains manifestants, qui avaient allumé un feu de cagettes de bois dans le centre historique, ont empêché les pompiers d’intervenir.

Le préfet a défendu l’action des forces de l’ordre face à des manifestants « cherchant visiblement l’affrontement », a souligné de son côté le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) Patrick Chaudet, lors du point de presse.

Selon le préfet, un policier et trois CRS ont été blessés et hospitalisés, l’un des CRS souffrant d’une double fracture de la main.

Le secrétaire départemental de FO Fabrice Lerestif a de son côté dénoncé « une stratégie de tension manifeste » de la part des autorités.

Il a affirmé que dans le cortège, composé en grande partie de salariés, de familles avec enfants, de retraités défilant derrière des banderoles proclamant « Sous les cendres, la braise brûle encore » ou « Les conditions objectives sont réunies », 19 personnes avaient été blessées, dont 5 graves.

Ce bilan a été démenti par le préfet. Côté manifestants, « aucun blessé n’a été admis dans un hôpital rennais », a-t-il fait valoir.

« Certains se sont fait soigner sur place ou par SOS médecins, d’autres sont allés à l’hôpital, sans forcément dire qu’ils étaient manifestants, et je ne parle pas des personnes asthmatiques très incommodées par les gaz lacrymogènes », a répliqué auprès de l’AFP M. Lerestif.

« Des blessés auraient pu être évités s’il n’y avait pas eu un dispositif policier qui ne faisait pas la distinction entre un cortège syndical pacifique et quelques casseurs », a-t-il ajouté.

Le responsable de FO a assuré auprès de l’AFP qu’il se réservait « le droit de porter plainte pour violences policières ».

A des journalistes faisant état de ces violences policières, le préfet et le DDSP ont souligné que les forces de l’ordre intervenaient pour garantir la sécurité des biens et des personnes.

Un photo-journaliste a été blessé. Touché au cuir chevelu, il a saigné abondamment, a constaté un photographe de l’AFP. Un collègue l’a conduit à l’hôpital.

Selon le préfet, au cours de la manifestation, la vitrine d’un établissement bancaire a été brisée, un distributeur de billets a été saccagé.

De retour vers le campus de Rennes 2, en pointe dans la lutte contre la loi travail, et dont un amphithéâtre est occupé, des manifestants ont aussi « vandalisé un poste de police, dont la vitre a été cassée », a dit le préfet.