Un adolescent de Lingolsheim (Bas-Rhin), qui avait fait l’objet de plusieurs signalements de la part de l’Education nationale, s’est envolé la semaine dernière pour Istanbul d’où il est soupçonné de vouloir rejoindre l’organisation Etat islamique, a-t-on appris jeudi auprès du parquet.

Cet adolescent de 16 ans a disparu depuis le 31 mars, date à laquelle il a pris l’avion à Baden-Baden, en Allemagne, pour Istanbul, où sa trace a été perdue, a expliqué à l’AFP Laurent Guy, procureur adjoint de Strasbourg, confirmant une information des Dernières Nouvelles d’Alsace.

« Dès la connaissance de sa fugue éventuelle dans la matinée du 31 mars, une enquête en disparition inquiétante a été ouverte. Il a été inscrit au fichier des personnes recherchées », a ajouté M. Guy, précisant qu’une interdiction de sortie du territoire a été délivrée, sans résultat.

Le parquet de Strasbourg a également ouvert une enquête préliminaire pour apologie du terrorisme, alors que le jeune homme est soupçonné d’avoir créé deux profils sur les réseaux sociaux et vanté les mérites du groupe Etat islamique sur l’un des deux.

L’adolescent avait été signalé à deux reprises à la préfecture par ses établissements scolaires successifs, la première fois après l’attaque contre Charlie Hebdo, pour avoir eu un comportement provocateur, et la seconde fois au mois de décembre, notamment pour avoir arboré un drapeau faisant référence à l’islam sur son sac à dos.

Ces signalements, transmis au parquet des mineurs, avaient déclenché un suivi confié à l’association strasbourgeoise « SOS Aide aux Habitants » et toujours en cours au moment de la disparition.

« Un bilan qui avait été fait disait qu’a priori, il n’était pas favorable au jihad sanglant, il avait des connaissances de l’islam mais qui restaient modérées, peut-être un peu fouillées pour quelqu’un de son âge, ce qui pouvait constituer un élément de vigilance », selon M. Guy.

« Il était visiblement repéré, son collège avait signalé son profil inquiétant à l’académie », s’est indigné auprès de l’AFP Yves Bur, maire de Lingolsheim et ancien député Les Républicains, qui pointe « une longue chaîne de dysfonctionnements ».

« Le 29 mars, on lui a donné en mairie son passeport renouvelé par la préfecture, il prend l’avion le 31. Est-ce que les services de l’Etat communiquent entre eux ? », s’est interrogé l’élu.

D’après le parquet, l’adolescent avait récupéré peu avant sa disparition son passeport auprès de sa tante, en prétextant en avoir besoin pour passer un examen. Il vivait chez celle-ci, alors que ses parents résident au Maroc.

Le préfet du Bas-Rhin Stéphane Fratacci a insisté lors d’une conférence de presse jeudi après-midi sur le fait qu' »aucune mesure restrictive de circulation n’avait été prise à son encontre » au moment où était traitée la demande de renouvellement de son passeport.

« Il a pu y avoir un basculement, une rupture intime récente, qui s’est accompagnée d’une dissimulation », a estimé le préfet, soulignant que le dispositif de détection de la radicalisation fonctionne dans le département « sept jours sur sept » depuis mai 2014.