Des feux de poubelles et jets de pierres ont été recensés jeudi matin dans plusieurs lycées d’Île-de-France, sans faire de blessés, conduisant la police à procéder à 29 interpellations et 13 gardes à vue, a-t-on appris de sources concordantes.

A Courbevoie, dans la banlieue ouest de Paris, plusieurs dizaines de jeunes ont commencé à brûler des poubelles peu avant 08H00, aux alentours du lycée professionnel Paul-Painlevé, a raconté à l’AFP un enseignant de cet établissement de 520 élèves, sous couvert d’anonymat.

« Ils se sont servis dans des poubelles de verre pour jeter des bouteilles sur les vitres de la façade de l’établissement. Ils ont aussi pris une dizaine de kilos de galets qui se trouvent dans la cour de la clinique d’en face », a-t-il relaté. 23 fenêtres ont été détériorées. Les cours ont été suspendus.

Les « blocus » de lycées, organisés par les élèves, se sont multipliés ces derniers jours, liés aux mobilisations contre la loi travail, parfois accompagnés de violences.

« Ici, à Painlevé, nous avions eu écho de rumeurs de volonté de faire un blocus ce matin. Nous nous étions rencontrés hier avec la direction et l’équipe éducative pour faire le point et tenter de parer aux débordements », a poursuivi l’enseignant.

Si la majorité des auteurs ont été identifiés comme des élèves de l’établissement par les professeurs, « plusieurs perturbateurs étaient extérieurs », ou d’anciens élèves récemment exclus du lycée, a souligné cette même source.

Selon l’académie de Versailles, des tentatives de blocage ont également été signalées dans les Hauts-de-Seine aux lycées Galilée (Gennevilliers), Maupassant (Colombes), Newton et Auffray (Clichy). Dans le Val-d’Oise, le lycée Rostand (Saint-Ouen-l’Aumône) a essuyé des jets d’objets divers. Le blocus de l’établissement a été levé dans la matinée.

« Ce midi, la situation est apaisée, mais la vigilance reste de rigueur », a informé l’académie, dont le recteur, Daniel Filâtre, a condamné « des violences inadmissibles. »

Tous les jeunes gardés à vue dans les Hauts-de-Seine – dix mineurs et trois majeurs – étaient « scolarisés devant les établissements » touchés par les débordements, selon une source policière. La plupart d’entre eux, interpellés pour « participation à un attroupement armé », doivent être déférés devant la justice vendredi.

En Seine-Saint-Denis, à Saint-Ouen, un lycéen s’est fait interpeller alors qu’il se rendait à l’établissement Marcel-Cachin avec un bidon d’essence de deux litres.

Des interpellations ont également eu lieu à Tremblay-en-France, où un jeune encagoulé a tenté d’allumer un incendie, et à Claye-Souilly en Seine-et-Marne.

Au total, sept jeunes ont été interpellés en Seine-Saint-Denis et en Seine-et-Marne.

Mardi, des violences avaient éclaté au lycée De-Vinci de Levallois-Perret, dont la façade avait été endommagée par des feux de poubelles.

Un tract avait été distribué, appelant à rejoindre un « Comité de mobilisation »: « Lycéens, étudiants et salariés, nous représentons une force réelle, mais il faut faire monter d’un cran la mobilisation », enjoignait le document.

Mercredi, un jeune majeur a été condamné à Paris à 70 heures de travaux d’intérêt général après des incidents en marge de la manifestation de la veille contre le projet de loi travail qui a rassemblé plus de 23.000 personnes (selon la police) dans toute la France.

Des tensions entre manifestants et policiers sont récurrentes depuis le début du mouvement contre le projet de loi travail, dans lequel les lycéens sont en première ligne.