Le cardinal Jean-Pierre Ricard estime que dans des affaires de pédophilie touchant l’Eglise catholique « l’évêque a le devoir de faire un signalement au procureur de la République ».

Dans une déclaration publique à Bordeaux, en réponse à des questions de journalistes, le cardinal-archevêque de Bordeaux a clairement fixé une ligne de conduite à tenir pour l’Eglise de France, confrontée à une nouvelle affaire de pédophilie dans le diocèse de Lyon dirigé par le cardinal-archevêque Philippe Barbarin.

« Quand il y a une accusation (d’actes de pédophilie), soit il faut que la famille porte plainte, soit il faut inviter le prêtre lui-même à se dénoncer, ou bien l’évêque a un devoir de faire un signalement au procureur de la République », a estimé Mgr Ricard.

Dans le cas « d’attouchements, en particulier sur des mineurs, a-t-il souligné, on ne peut pas prendre le risque de la récidive et donc il faut éviter de mettre (les responsables de tels actes) dans des situations, par exemple de paroisses, où ils seront en contact avec des enfants et des jeunes ».

Depuis « une petite vingtaine d’années nous avons pris conscience de la gravité de ces actes avec cette volonté de prendre véritablement en considération la souffrance des victimes » qui « ont besoin que les choses soient dites et que les responsables soient sanctionnés et condamnés », a-t-il expliqué.

Quant à une éventuelle démission de Mgr Barbarin, accusé d’avoir tu les agissements passés de prêtres pédophiles dans le diocèse qu’il dirige, l’archevêque de Bordeaux a estimé que « cette question là aujourd’hui n’a pas d’objet ». « Pour qu’il y ait démission il faudrait que l’intéressé la présente » et « il faudrait qu’elle soit acceptée par le pape, ce qui je crois aujourd’hui n’a pas d’actualité, d’autant plus qu’il y a une action judiciaire ».

Mgr Ricard a également déploré « un certain nombre de prises de parole » alors qu’une enquête est en cours, notamment les propos « de notre Premier ministre que je trouve tout à fait inadaptés », une allusion à l’appel du chef du gouvernement au primat des Gaules « à prendre ses responsabilités ». « On aurait pu attendre de notre Premier ministre le devoir de réserve » auquel est tenu « tout fonctionnaire de la République », « d’autant plus que dans une affaire qui est en jugement, la présomption d’innocence s’impose à tout le monde », a conclu Mgr Ricard.