Supprimer partiellement les notes à l’école permettrait de réduire de moitié les inégalités des performances scolaires entre les élèves des différentes classes sociales, selon une étude du CNRS (pas encore publiée, mais dont les conclusions des chercheurs sont déjà en ligne), intitulée « concilier l’évaluation par compétences et un usage raisonné de la note ».
Une expérimentation a été menée durant l’année 2014-2015, sur 6000 élèves de l’académie d’Orléans-Tours, dans 70 collèges et lycées. Deux groupes d’élèves ont été évalués : le premier avec des notes, le second sans notes – avec à la place une évaluation par compétences. L’étude du CNRS s’est concentrée sur la classe de 3e, dans 3 disciplines : mathématiques, français et histoire-géographie.
« Inégalités fortement réduites » en maths
Comme l’explique Le Monde, dans le cadre de cette expérimentation académique, « les consignes données aux établissements étaient claires : pas de notes en classe ». Celles-ci ne pouvaient ainsi être maintenues « qu’en fin de trimestre dans les bulletins scolaires, à titre d’indicateurs parmi d’autres pour informer les familles ».
La différence entre classe avec ou sans notes est, selon le CNRS, particulièrement visible en maths. Ainsi, « les élèves issus de familles favorisées voient leur performance sur l’épreuve de mathématiques du brevet augmenter. Les élèves de familles défavorisées augmentent eux aussi leur performance, et dans des proportions plus importantes », peut-on lire.
Ainsi, en mathématiques, « les inégalités sont fortement réduites », et « tous les élèves tirent bénéfice » d’une introduction de l’évaluation par compétences et d’un « usage raisonné, et plus restrictif, de la note ».
« Un vrai ascenseur social » selon le CNRS
Selon Isabelle Régner, maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille et chercheuse au CNRS, ces résultats s’expliqueraient par un meilleur « climat de classe », et par « la modification du comportement des élèves, par rapport aux apprentissages« . D’après sa collègue Céline Darnon, maître de conférences à Clermont-Ferrand, les adolescents auraient « développé des motivations non plus tournées vers la note, mais davantage orientées vers une acquisition durable des connaissances. »
En français et en histoire-géo, le CNRS n’observe en revanche aucune différences entre une classe avec notes et une classe préférant l’évaluation par compétences – sans véritablement apporter d’explications. Quoi qu’il en soit, pour les chercheurs, la suppression partielle des notes serait un « vrai ascenseur social ».
Cette étude semble conforter les partisans de la suppression des notes. Pour autant, il est toujours bon de noter que l’expérimentation a été menée par des enseignants volontaires, le plus souvent déjà convaincus par les bienfaits de l’évaluation par compétences.
Une curieuse « étude », ni publiée ni même rédigée, et qui veut plus imposer qu’étudier…
Une étude qui nous explique que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ! Les très bons deviennent des dieux et les élèves en difficultés des génies. Cette étude pourrait ajouter que le climat scolaire devient paisible, que les élèves et leurs parents respectent et adorent les enseignants, que grâce à la suppression des notes le salaire des enseignants à doubler et qu’ils ont tous trouver le grand amour.
Dans les classes pourtant l’enseignant que je suis constate que de plus en plus d’élèves refusent de travailler(encouragés par les réformes pédagolaxistes des 30 dernières années) et régressent !!
De qui se moque-t-on ??
Ces deux commentaires pourraient malheureusement expliquer à eux seuls la complexité du problème de l’évaluation. Le socle commun et l’évaluation des compétences peinent à s’installer dans notre école, restée plus normative et certificative que formative et bienveillante.
Enseigner est une mission dont il faut accepter les difficultés, incontestablement croissantes, ou se résoudre à faire autre chose si l’on estime ne pas être rémunéré à la hauteur des difficultés du métier.
Je constate qu’il n’y a pas que les élèves qui régressent, sauf à vouloir anticiper une éventuelle prochaine réforme de la grammaire !
« Il faut être enthousiaste de son métier pour y exceller » (Diderot)
C’est drôle, mais Nathalie Bulle du CNRS elle aussi, dit exactement le contraire, il me semble…
Dommage qu’on ne lui donne pas plus souvent la parole. Donc soyons un peu pus vigilants dans l’attribution de ces résultats. Ce n’est pas le CNRS qui s’exprime, mais tel ou tel chercheur.
En attendant je me permets juste de vous renvoyer à son livre » l’Ecole et son double ». C’est une sociologue, mais ça change de Dubet, et c’est, pour paler sous forme de litote, « un peu plus solide », et beaucoup plus fécond.