Il n’y a pas d’âge pour soutenir sa thèse: Colette Bourlier, 91 ans, a soutenu mardi à Besançon une thèse de géographie sur les travailleurs immigrés, commencée 30 ans auparavant.

La doctorante a obtenu la mention « très honorable » pour cette thèse entièrement manuscrite soutenue à l’université de Franche-Comté et intitulée « Les travailleurs immigrés à Besançon dans la seconde moitié du XXe siècle ».

« J’ai mis du temps, parce que j’ai fait des pauses » et « j’ai fait du mieux que j’ai pu, je crois que le jury était satisfait », a déclaré Colette Bourlier à l’issue de sa soutenance.

« C’est un travail extrêmement atypique parce que c’est un travail de thèse qui a duré 30 ans -aujourd’hui une thèse c’est en moyenne trois ans- et qui a été réalisé par quelqu’un qui a commencé sa recherche après son départ en retraite, à l’âge de 60 ans », a estimé son directeur de thèse Serge Ormaux.

Pendant sa vie active, cette ancienne enseignante née à Lyon en 1925 s’est beaucoup investie dans l’accueil et l’alphabétisation des travailleurs immigrés à Besançon.

« Pendant 20-25 ans elle s’est occupée de l’accueil et de l’alphabétisation des populations émigrées sur Besançon, elle a fait un énorme travail, leur a consacré beaucoup de temps, d’énergie et a été immergée dans tous les dispositifs nationaux et locaux d’accueil des immigrés qu’elle connaît parfaitement », souligne M. Ormaux.

Lors de sa retraite en 1983, elle a décidé de commencer un travail de recherche universitaire sur la problématique des travailleurs immigrés à Besançon.

Selon le directeur de thèse, cette vive nonagénaire aux cheveux blancs « est sans doute la seule à connaître ces dispositifs à ce point et à être capable d’en faire une telle synthèse, qu’elle a complétée par des travaux d’analyse de statistique ».