Le ministre des Finances, Michel Sapin, a critiqué jeudi la « contre-pédagogie » de la Commission européenne qui avait épinglé mardi les déséquilibres « excessifs » de l’économie française, assurant que Paris fait partie des « bons élèves » européens.

« La meilleure des pédagogies, c’est d’encourager les pays qui ont fait des efforts – c’est le cas de la France – pour les inciter à continuer à en faire », a rétorqué le ministre à Bruxelles, lors d’une conférence de presse à Paris.

« La France n’est pas le mauvais élève de l’Europe du point de vue budgétaire. Elle l’a été, elle ne l’est plus », a-t-il assuré, n’hésitant pas à classer désormais Paris dans « la catégorie des bons élèves », se basant sur le déficit budgétaire 2015 attendu sous la barre de l’objectif fixé de 3,8%.

« Il y a de fortes raison de penser que notre chiffre définitif d’exécution soit meilleur que le chiffre que nous nous étions fixés », a-t-il insisté, précisant que le déficit budgétaire sera communiqué le 25 mars prochain. Il a également maintenu la prévision de croissance de 1,5% pour cette année.

M. Sapin a attribué ce résultat « aux efforts que nous avons faits, à la ténacité dont nous avons su faire preuve depuis 2014 jusqu’à aujourd’hui », malgré les mesures sécuritaires prises après les attentats de l’année dernière qui ont contraint l’Etat à augmenter ses dépenses dans ce secteur.

Il a regretté le « langage contre-pédagogique » de la Commission qui a souligné mardi le niveau de dette publique de la France, qui « continue d’augmenter » alors même que compétitivité et productivité « ne se redressent pas clairement ».

« Tout le monde est déséquilibré et tout le monde a des efforts à faire », a insisté le ministre, qui a rappelé que l’Allemagne avait également « des efforts à faire parce que son commerce extérieur est trop favorable, donc déséquilibré », en allusion aux excédents allemands supérieurs aux normes du traité de Maastricht.

Par ailleurs, M. Sapin a exprimé son « inquiétude » sur la taxe sur les transactions financières (TTF), que dix pays de l’UE veulent mettre en oeuvre d’ici l’été. Il a rappelé que 9 pays sont nécessaires pour y parvenir.

Or, l’Espagne, qui n’a toujours pas de gouvernement depuis les élections de décembre, et la Slovaquie, dans une situation semblable, ne sont pas en « capacité de prendre des décisions politiques » pour l’instant.

Actuellement la France, l’Allemagne, la Belgique, le Portugal, l’Autriche, la Slovénie, la Grèce, l’Espagne, l’Italie, la Slovaquie discutent de la mise en oeuvre de cette taxe.