Les deux adolescentes de Haute-Savoie qui avaient fugué ce week-end, présentées comme « radicalisées » et soupçonnées de vouloir rejoindre la Syrie, ne voulaient pas aller plus loin que Chambéry, selon l’avocat de l’une d’elles, pour qui « on a greffé cette histoire sur d’autres ».

Louisa, 16 ans, portée disparue avec son amie Israé, 15 ans, fut la première à rentrer chez elle dimanche après avoir vu sa mère à la télévision la supplier de le faire. Les deux jeunes filles, qui se connaissaient à peine, avaient manqué leurs cours vendredi, la rumeur voulant qu’elles soient « parties », ce qui a conduit à alerter leurs familles puis les gendarmes.

Après une dispute avec sa mère, qui l’avait privée de portable, Louisa avait nourri un projet de fugue et elle était partie à Chambéry voir des connaissances d’Israé, raconte l’avocat dans le Dauphiné Libéré de mercredi. Elles passent la première nuit dans un hall d’immeuble et la seconde dans un hôtel, où elles apprendront qu’on les recherche en regardant la télévision.

Israé était suivie pour « radicalisation » mais personne n’en savait rien dans l’établissement scolaire de Seynod, près d’Annecy, où elle est arrivée le 29 février et a fait connaissance de Louisa. Les deux jeunes filles n’avaient pas l’intention d’aller plus loin que Chambéry et d’après les déclarations de sa cliente, elles n’ont jamais parlé de Daech ni de la Syrie, souligne Me Dufour, contacté par l’AFP.

« On a greffé cette histoire sur d’autres », déplore l’avocat, pour qui l’appel à témoins lancé samedi par la gendarmerie aurait dû être « beaucoup plus neutre ». Car sa cliente, désormais « tatouée radicalisée », reçoit des menaces sur les réseaux sociaux et sa famille craint d’être marginalisée. Il envisage de porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui.