Un nouveau rapport sur la crise qui secoue depuis deux ans l’IUT de Saint-Denis, en banlieue parisienne, laisse entendre que le rétablissement d’un climat serein passe par le départ définitif de son directeur Samuel Mayol, suspendu depuis novembre.

Un an après une première inspection, l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) a mené entre novembre et janvier une nouvelle mission pour tenter de résoudre le conflit ouvert entre l’IUT et la direction de l’université Paris 13, sur fond de crispation autour de la laïcité.

Malgré des avancées, « ce qui a frappé, dès l’abord, la mission, quand elle s’est rendue sur place, c’est la tension persistante, voire accrue, entre les différents protagonistes, à la fois entre l’université et l’IUT et au sein même de l’IUT », peut-on lire dans ce rapport dont l’AFP a eu copie lundi.

En cause, la « médiatisation excessive, pour ne pas dire effrénée » du conflit. « Chacune des parties prend à témoin la presse et le cabinet de la ministre », relèvent les inspectrices, regrettant que toute décision devienne « matière à contestation portée sur la place publique ».

Mais c’est surtout la gouvernance de l’IUT qui est pointée du doigt: « Tout repose, de fait, sur le directeur », dont le mode de management est « fondé sur des relations +affectives+ plus que hiérarchiques ».

Les personnels « auraient souhaité que le directeur ne leur demande pas de prendre parti pour ou contre lui » et « expriment le sentiment d’avoir été pris en otage dans un conflit qui n’est pas le leur ».

L’université Paris 13, présidée par Jean-Loup Salzmann, n’est pas épargnée: elle « n’a pas su créer des relations de confiance avec l’IUT » et il lui est arrivé de perdre de vue « l’intérêt public », et ce au détriment des étudiants qui ont vécu une rentrée 2015 « calamiteuse ».

L’IGAENR estime cependant que la suspension de M. Mayol à la mi-novembre et la nomination d’une personnalité indépendante, en qualité d’administrateur provisoire, à la tête de l’IUT, est susceptible de créer « les conditions favorables pour renouer ce dialogue ».

De fait, « des dossiers se sont débloqués » et « les personnels disent leur soulagement et leur espoir d’un retour au calme ».

Autre signe que la situation s’est apaisée, la cellule d’aide psychologique qui avait été mise en place en juin a été désactivée.

Sur le plan disciplinaire, les inspectrices notent avec satisfaction que les poursuites disciplinaires préconisées par la première mission à l’encontre de deux enseignants de l’IUT, qui s’étaient fait payer des heures de cours qu’ils n’avaient pas assurées, ont bien été menées.

Le premier, Rachid Zouhhad, a écopé d’un blâme et le second, Hamid Belakhdar, d’un retard à l’avancement d’échelon.

M. Mayol, qui est à l’origine des poursuites contre ces deux enseignants, fait lui-même l’objet d’une procédure disciplinaire, engagée par Paris 13 pour un double motif: il aurait octroyé des congés indus à certains agents de l’IUT et aurait introduit des tapis de prière dans un local occupé par L’Ouverture, une association étudiante musulmane, pour discréditer la présidence de l’université en la rendant complice de dérives communautaristes.

A sa demande, la procédure a été dépaysée à l’université de Bordeaux en janvier et il est probable que, dans l’attente de son instruction, la mesure de suspension dont il fait l’objet soit reconduite à l’échéance, le 12 mars.

En ce qui concerne L’Ouverture, l’association, qui a changé de nom, a obtenu un score trop faible aux dernières élections pour pouvoir prétendre désormais à disposer d’un local: en conséquence, note le rapport de l’IGAENR, le « facteur de tension » liée à sa présence « a disparu ».