Un lycéen de 16 ans était convoqué mardi devant un juge des enfants à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe pour apologie du terrorisme suite à des propos tenus en classe après les attentats à Paris en novembre, mais ses avocats ont déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), paralysant la procédure.

Le juge des enfants devait décider de la mise en examen ou non du lycéen pour apologie du terrorisme. Ses avocats ont choisi de déposer une QPC, entraînant un report de la décision. « Dans ce dossier, un certain nombre de principes essentiels selon nous, n’ont pas été respectés. Principes qui fondent la Constitution française, notamment ceux de liberté et d’égalité », a expliqué à l’AFP Me Patrice Tacita.

« L’affaire démontre comment on est en train de glisser d’un Etat de droit vers un Etat d’exception. Que penser d’un Etat qui transforme ses éducateurs en indicateurs, en délateurs ? », s’est indigné Me Harry Nirelep. « Exiger d’un élève qui forme son esprit qu’il ne fasse aucune erreur relève du totalitarisme », a ajouté Me Tacita, insistant sur la sanctuarisation des établissements scolaires.

Le lycéen, en 1ère technologique dans un lycée de Morne-à-l’eau (ouest de la Grande-Terre), avait, lors d’un débat en cours de français juste après les attentats du 13 novembre à Paris, déclaré que « pour tous les morts que le terrorisme fait en Afrique, on ne fait pas autant d’histoires », ajoutant « je suis pour le jihad ».

Une dernière phrase tenue « naïvement », selon sa grand-mère, « avec ironie », dit l’une de ses amies. Ses proches ont expliqué qu’il ne voulait pas participer aux discussions mais que son enseignante l’y aurait contraint.

Cette dernière aurait fait un rapport au proviseur de l’établissement qui aurait fait un signalement à la police. Deux jours après, le lycéen a été placé en garde à vue pendant plus de trente heures et le domicile de sa mère perquisitionné, a détaillé l’un de ses soutiens, Raphaël Cécé.

Mardi matin, quelques dizaines de personnes dont des responsables syndicaux, étaient venues devant le tribunal dénoncer « une aberration ». Parallèlement, ses camarades de classe se sont fortement mobilisés devant leur établissement qui a été fermé.

Fils unique, décrit comme timide, l’adolescent « vit embêté » depuis sa garde à vue qui l’a traumatisé, a raconté sa grand-mère Claire. Après ses propos, il a aussi été exclu deux jours de son lycée.

Selon ses avocats, il faudra attendre plusieurs semaines avant que le Conseil constitutionnel ne rende sa décision sur la QPC.