Le parquet de Bobigny a annoncé jeudi sur Twitter avoir fait appel de la décision du tribunal correctionnel d’éteindre les poursuites, en raison de vices de procédure, contre l’instituteur d’Aubervilliers qui dit avoir été victime d’une attaque jihadiste mi-décembre dans sa classe.

« Le parquet de Bobigny a fait appel de la relaxe de l’instituteur qui avait déclaré avoir été victime d’une attaque terroriste dans sa classe », affirme le message diffusé sur son compte @sg_pr_bobigny.

Vendredi, le tribunal avait annulé les procès-verbaux des auditions de cet homme de 45 ans. Hospitalisé sous morphine sans avoir pu demander la présence de son avocat, l’enseignant avait déclaré le jour même avoir tout inventé et s’être auto-mutilé pour dénoncer l’insuffisance des mesures de sécurité à l’école.

Des déclarations jugées « non spontanées » par les juges, qui avaient frappé de nullité toute la procédure enclenchée pour « dénonciation de crime imaginaire ». Mais le parquet a lui considéré que l’infraction était bel et bien constituée.

L’instituteur, en poste depuis 22 ans dans une école maternelle de cette banlieue parisienne, avait raconté dans un premier temps avoir été attaqué au cutter au matin du 14 décembre par un homme se réclamant du groupe jihadiste État islamique (EI, Daech en arabe) qui lui aurait lancé: « C’est Daech, c’est un avertissement. »

Un « scénario irrecevable » qu’une enquête de police « fouillée » n’avait pas permis de corroborer: aucun riverain, pas même le gardien de l’école présent à cette heure matinale, n’avait aperçu le mystérieux agresseur en tenue de peintre, avait souligné le procureur à l’audience.

Le parquet, qui avait reproché au prévenu d’avoir créé un « traumatisme inhumain » chez les parents un mois après les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, avait requis deux à trois mois de prison avec sursis et 1.000 euros d’amende.

« On m’avait fait changer de version car j’étais sous morphine, mais je le maintiens: j’ai bien été agressé », avait réaffirmé le prévenu à l’énoncé de sa relaxe. « J’espère reprendre mon boulot dès que j’irai mieux », avait ajouté l’instituteur, suspendu depuis les faits par l’Éducation nationale pour quatre mois.

L’enseignant risque jusqu’à six mois de prison et 7.500 euros d’amende, ainsi que la révocation de l’Éducation nationale, en cas de condamnation définitive.