Simone Lagrange, qui fut l’un des témoins-clés du procès de Klaus Barbie et témoigna toute sa vie dans les lycées de la région sur la Shoah, s’est éteinte mercredi à l’âge de 85 ans à Grenoble, a-t-on appris auprès de la Ville, confirmant une information du Dauphiné Libéré.
« Une amoureuse de la vérité s’est éteinte. Simone Lagrange nous a fait grandir. A chacun de faire vivre son engagement pour une société libre », a salué sur Twitter le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle.
Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a exprimé « toute son admiration pour cette personnalité hors du commun, qui a continué jusqu’à la fin de sa vie à transmettre la mémoire de la Résistance face à la barbarie nazie et à la Shoah ».
De son côté, la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a fait part de son « immense tristesse » et de sa « vive émotion » après la disparition de ce « grand témoin de l’histoire de la persécution des juifs au cour de la Seconde guerre mondiale ».
« C’était une grande gueule qui faisait taire les négationnistes. Reste son témoignage. Indispensable », écrit pour sa part sur twitter le président de la Licra, Alain Jakubowicz.
Née au sein d’une famille juive originaire du Maroc du nom de Kadoshe, Simone et sa famille s’étaient installées dans les années trente à Saint-Fons (métropole de Lyon).
A l’âge de 13 ans, Simone avait été arrêtée avec ses parents au domicile familial sur dénonciation, le 6 juin 1944, selon une courte biographie transmise à l’AFP par le Centre d’histoire de la résistance et de la déportation (CHRD) de Lyon.
Conduits dans les locaux de la Gestapo à Lyon, l’adolescente et ses parents avaient été interrogés et torturés par son chef Klaus Barbie, qui voulait savoir où étaient cachés les plus jeunes des enfants de la famille.
Incarcérées à Montluc, Simone et sa mère avaient été transférées à Drancy le 23 juin, puis déportées sept jours plus tard vers Auschwitz-Birkenau par le convoi n° 76.
Mère et fille avaient été sélectionnées à leur arrivée pour le travail dans le camp des femmes de Birkenau, mais la mère de Simone avait été gazée dès le 23 août. Son père avait été déporté par le convoi parti de Lyon le 11 août 1944, avec deux des enfants de sa fille aînée, âgés de 5 et 7 ans.
Seule Simone avait survécu au travail forcé et aux marches de la mort, au cours desquelles son père fut tué sous ses yeux le 19 janvier 1945. De retour en France fin mai 1945, elle retrouva ses jeunes frère et soeur qui avaient été cachés dans une institution religieuse.
Simone Kadoshe, devenue ensuite Simone Lagrange, sera l’un des témoins-clés du procès de Klaus Barbie, tenu à Lyon en 1987.
Tout au long de sa vie, Simone Lagrange fut aussi l’infatigable témoin de la Shoah auprès des jeunes, dans les classes. Elle avait relaté cet enfer dans un livre, « Coupable d’être née ».
Modération par la rédaction de VousNousIls. Conformément à la loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. Pour exercer ce droit adressez-vous à CASDEN Banque Populaire – VousNousIls.fr 1 bis rue Jean Wiener – Champs-sur-Marne 77447 Marne-la-Vallée Cedex 2.