handicapSuite à une conférence de comparaisons internationales sur « l’école inclusive », qui a eu lieu les 28 et 29 janvier 2016 à Paris, le Cnesco (Conseil national d’évaluation du système scolaire) a présenté le 11 février ses préconisations pour une « meilleure école pour les élèves en situation de handicap ».

Inclusion en France : un constat « en demi-teinte »

Si elle constate qu’entre 2005 et 2015, des « progrès fulgurants » ont été accomplis en France en matière d’inclusion, l’instance d’évaluation dresse un « constat en demi-teinte ».

Le nombre d’élèves en situation de handicap en milieu ordinaire a doublé en 10 ans. Désormais, « un élève en situation de handicap sur deux est scolarisé en milieu ordinaire ».

Mais l’institution décrit aussi « des disparités importantes », avec un taux de scolarisation en milieu ordinaire « décroissant en fonction de l’âge de l’élève ». Ainsi, si la « quasi-totalité » des élèves en situation de handicap âgés de 3 à 5 ans sont scolarisés en milieu ordinaire, seuls 44 % le sont à 18 ans.

Collège

Collège © milanmarkovic78

En outre, les élèves en situation de handicap « ont des difficultés réelles » à atteindre le secondaire, indique le Cnesco. Dans une interview au Monde, sa présidente, Nathalie Mons, note que « si l’école inclusive devient une réalité dans le primaire, les élèves en situation de handicap sont encore très souvent séparés des autres au collège, et plus encore au lycée. »

Tour d’horizon des pays favorisant l’inclusion

Dans son rapport, le Cnesco cite plusieurs exemples de politiques mises en place dans les pays de l’OCDE, en faveur de l’inclusion. Par exemple, la Finlande dispose, au niveau national, d’un « directeur de l’éducation inclusive. » Suite à la « forte augmentation des élèves à besoins particuliers scolarisés en milieu ordinaire », l’ensemble des enseignants « ont été formés sur le terrain », indique l’instance. Les classes finlandaises sont souvent « regroupées », avec deux enseignants, dont « un spécialisé ».

En Italie, la formation des enseignants a été renforcée, « afin qu’ils soient capables d’effectuer un diagnostic précoce ». Les élèves en situation de handicap sont « inclus dans la classe ». Ils sont parfois « associés à des projets avec les autres élèves », même « en dehors de l’école », indique le Cnesco, qui remarque dans ce dernier cas, « une amélioration des résultats scolaires et de leur intégration sociale ».

Des projets innovants menés en France

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Le rapport du Cnesco présente plusieurs « dispositifs innovants » d’accompagnement d’élèves en situation de handicap, en France, comme le projet « Handi’Malette » de l’association ADAPT – une malette pédagogique -, ou encore l’utilisation de la tablette numérique, avec logiciels spécialisés.

Près de Rouen, des outils « adaptés pour l’inclusion » sont mis en avant, en direction des élèves dyslexiques. Les profs du collège de Saint-Marcel « synthétisent » leurs cours sous forme de cartes heuristiques, et ont créé une « bibliothèque sonore ». Ils ont aussi mis en place un « tutorat » entre élèves, ceux ne souffrant pas de handicap aidant les autres « à se repérer dans le classeur ».

« Encourager la diversité des méthodes pédagogiques »

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© Chlorophylle – Fotolia

Parmi ses principales préconisations, le Cnesco recommande de « développer rapidement l’accessibilité physique » de l’environnement éducatif, notamment en généralisant l’usage des « outils numériques nomades ».

L’organisme préconise aussi d’inclure « la problématique du handicap » dans les projets des établissements scolaires, de nommer des enseignants « personnes ressources », et de former les élèves au handicap.

Le Cnesco recommande aussi d’étendre le PPS (projet personnalisé de scolarisation) au temps périscolaire en primaire, et de mettre en place une « base de données d’outils pédagogiques adaptés » par académie.

Il préconise enfin de « repenser » la formation des enseignants, en les formant à « l’évaluation des élèves en situation de handicap », et en « encourageant la diversité des méthodes pédagogiques ».

Ainsi, conclut le Cnesco, les formations initiale et continue des profs « doivent les préparer à respecter le développement singulier de l’élève », et leur permettre de « répondre à leurs besoins selon des méthodes pédagogiques souples et adaptées ».