Des primes distribuées mais peu explicitées, un directeur moins bien payé que sous l’ère Descoings mais loin devant les présidents d’université, des ambitions mais des moyens limités: Sciences Po a fait des efforts, qu’elle doit poursuivre, souligne mercredi la Cour des comptes.
L’Institut d’études politiques de Paris (IEP) a une « place singulière dans l’enseignement supérieur », jouit d’une « forte autonomie » et a « grandi en dehors de l’université », admet le dernier rapport de la Cour.
Si la « crise de croissance et de gouvernance », que cette juridiction financière avait révélée quatre ans plus tôt, semble lointaine tant « la remise en ordre a été bien engagée », « les sources d’incertitudes » ne sont pas « levées » et « les perspectives de développement appellent une vigilance particulière », souligne la Cour des comptes (CDC).
Alors que le niveau de rémunérations du personnel est plus clair qu’il n’a jamais été, certaines zones d’ombre subsistent autour des primes, notamment le « nombre de bénéficiaires », « le montant moyen versé » ou le « montant le plus élevé accordé dans l’année ».
La rémunération du directeur de l’école, Frédéric Mion, a fortement baissé, à 200.000 euros annuels, loin des 530.000 euros perçus un temps par son prédécesseur Richard Descoings, qui avait fait s’étrangler la CDC dans un rapport en 2012.
Un niveau de traitement qui peut laisser rêveur plus d’un président d’université en France, qui « au sommet de son grade atteint les 100.000 euros », souligne-t-elle. « La justification de la différence (…) par l’écart de responsabilités et de charges de travail (…) reste à démontrer », épingle la Cour.
Pour la direction de la prestigieuse école, la CDC « constate que toutes les mesures qu’elle appelait de ses voeux ont été prises » notamment « la gestion des enseignants, l’attribution de logements de fonction et la mise en place d’une politique rigoureuse d’achats ».
Concernant les rémunérations, l’IEP fait remarquer qu’elles sont « régulières », que les règles de fixation « sont connues de tous » et que leur évolution est modérée. Et sur le niveau de salaire octroyé au directeur, l’école relève notamment que celui-ci a été diminué « de plus de moitié » par rapport à ce qu’il a été en 2012.
La Cour des comptes paraît en outre quelque peu sceptique sur la viabilité des projets dans lesquels l’IEP de Paris s’est engagé et les moyens de mener ces prochaines réformes.
Entre autres exemples, elle s’interroge sur la pertinence d’avoir lancé six campus de Sciences Po Paris délocalisés en régions, aux côtés des neuf IEP dits de « province ».
Enfin, si l’école a l’ambition de racheter l’hôtel de l’Artillerie, propriété du ministère de la Défense dans le très huppé VIIe arrondissement parisien, la Cour se montre sceptique sur ce projet qui, selon elle, peut coûter plus cher que prévu.
A la suite de révélations sur la gestion désastreuse de l’IEP, le président de la Fondation nationale des sciences politiques (notamment chargée de la gestion administrative et financière de Sciences Po), Jean-Claude Casanova, a été condamné en décembre à 1.500 euros d’amende par une juridiction financière. Celui-ci avait alors annoncé son pourvoi en cassation.
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