Une nouvelle polémique autour de l’école agite depuis ce matin les réseaux sociaux. Selon un article de TF1, l’Education nationale s’apprêterait à faire appliquer dans les établissements, à partir de la rentrée 2016, une réforme de l’orthographe validée par l’Académie française en 1990. Les nouveaux manuels scolaires mis en circulation à la rentrée prochaine tiendraient compte de cette révision, qui prévoit notamment une suppression des accents circonflexes et une simplification de l’orthographe de certains mots.
Controverse autour de l’orthographe révisée
Les réseaux sociaux ont immédiatement réagi à la lecture de cette nouvelle, largement reprise dans les médias.
Et on ressort une vieille réforme que personne ne s'est appropriée en 26 ans pour l'imposer d'autorité… #RéformeOrthographe
— LeChat (@sandlry) February 4, 2016
Donc maintenant, on écrit plus "oignon" mais "ognon"…Ça me fait pleurer. #ReformeOrthographe
— JOHAN. (@jhnrppz) February 4, 2016
Plus de 2000 mots modifiés! Le Gvnt nous encourage à la médiocrité au lieu de valoriser la beauté de la langue fr #ReformeOrthographe
— Françoise Grossetête (@GrosseteteF) February 4, 2016
La maitresse connait bien les ognons et les nénufars -> ✅ 10/10 #KillMeNow #ReformeOrthographe
— Princesse Soso ✏️ (@princessesoso) February 4, 2016
Un hashtag de protestation #JeSuisCirconflexe a même été lancé.
Ok, donc j'ai appris à mes élèves pour rien l'accent circonflexe. #JeSuisCirconflexe
— Lilie F. (@aurelectra) February 4, 2016
Mon prénom ne s'en remettra jamais ! #JeSuisCirconflexe
— Benoît Hagenbourger ⭐ ⭐ (@bhagenbourger) February 4, 2016
Aucune consigne du ministère de l’Education
Un emballement qui a surpris le Ministère de l’Education nationale lui-même. Contacté par Le Monde, il affirme n’avoir fait aucune annonce en ce sens. En vérité, souligne le journal, l’orthographe révisée est imposée aux professeurs comme référence depuis 2008, en primaire (PDF) et au collège. La seule évolution à la rentrée 2016 est que « cette fois, les éditeurs de manuels scolaires ont décidé de tous appliquer la réforme », explique une source ministérielle citée par Le Monde. Auparavant, il existait des disparités entre les manuels, certains utilisant l’orthographe révisée, d’autres non. Sylvie Marcé, PDG de l’éditeur scolaire Belin, confirme à l’AFP que l’utilisation de l’orthographe révisée sera systématisée dans ses nouveaux manuels de primaire.
Des explications que confirme le président du Conseil national des programmes, Michel Lussault, dans l’Express. « Il faut préciser que dès 1990, une tolérance dans l’application de cette révision était prévue: c’est pourquoi tous les textes officiels, y compris les discours des ministres, ne l’appliquent pas systématiquement. C’est peut-être une erreur de la part de l’Etat puisque beaucoup de gens semblent découvrir cette réforme seulement aujourd’hui », souligne-t-il, dénonçant un amalgame. « Ce n’est pas le ministère de l’Education nationale actuel qui a décidé de cette révision de l’orthographe. Je suis très choqué de voir que des enseignants, des éducateurs, n’hésitent pas à falsifier la réalité en faisant un rapprochement qui n’a pas lieu d’être avec la réforme du collège », s’indigne-t-il.
Cette réforme, approuvée il y a 26 ans mais jamais réellement suivie, prévoit une modification de la graphie de 2 400 mots. On écrit, par exemple, avec la nouvelle orthographe, « ognon » au lieu d' »oignon », « nénufar » pour « nénuphar », « assoir » pour « asseoir » ou encore « exéma » au lieu de « eczéma ». La révision supprime également l’accent circonflexe sur les i et les u, sauf pour quelques exceptions.
« Oignons » ou « ognons » : encore un parisianisme de plus ! Car, car, dans certaines régions, on dit « wouagnons », comme, dans d’autres, on dit « poreau », au lieu de « poireau »…
Il était donc préférable de conserver les deux graphies, pour que les élèves à venir comprennent que tout le monde ne prononce pas de la même manière, et que la graphie ne fait pas toujours la prononciation. Ça s’appelle « la diversité », notre gouvernement est-il contre ?
A force de tout vouloir « unifier » et réduire, on réduit surtout les capacités d’adaptation des élèves. A une époque où d’aucuns, jusque dans notre gouvernement, prétendent remettre à l’honneur les langues régionales, ça manque un peu de cohérence ! Ou réduit ici, on redonne de la marge de manoeuvre là… C’est totalement incohérent !