Faciliter l’accès à l’emploi et à la formation pour les migrants les plus sûrs d’obtenir l’asile: c’est l’une des dix propositions de l’OCDE pour favoriser l’intégration des réfugiés, dans un rapport publié jeudi.

« Il est probable, au vu des conditions terribles qu’ils laissent derrière eux, que beaucoup de migrants vont s’installer dans la durée », écrit l’organisation dans ce rapport en anglais consacré à l’intégration des réfugiés et demandeurs d’asile.

En la matière, « il est crucial d’agir tôt », et pas seulement pour les besoins les plus urgents comme l’hébergement ou la santé, note l’organisation dans ce rapport publié en amont d’une conférence sur le sujet avec le HCR.

L’assistance devrait aussi porter sur la formation professionnelle, les cours de langue et l’évaluation des compétences, notamment « pour les migrants réfugiés et les demandeurs d’asile ayant de bonnes chances d’obtenir l’asile », note le rapport.

En Europe, les migrants les plus à même d’obtenir l’asile sont les Syriens, les Erythréens, les Irakiens et dans une moindre mesure les Afghans.

Plus les migrants ont accès tôt au marché du travail, « plus leurs perspectives d’intégration s’améliorent à long terme ». Sinon « leurs compétences et leur expérience risquent de se détériorer », ajoute le rapport, qui avertit qu' »un réfugié au chômage pèse aussi sur les finances publiques ».

C’est pourquoi, là où les procédures s’éternisent, ces migrants originaires de pays avec des taux de reconnaissance des demandes d’asile « très élevés » devraient bénéficier d’un accès au marché de l’emploi, même s’il est assorti de conditions, selon le rapport qui dresse une série de tableaux comparatifs des dispositifs en place selon les pays.

En France, les demandeurs d’asile ont accès au marché du travail, dans des conditions encadrées, neuf mois après leur demande, contre un mois au Portugal, trois mois en Allemagne et douze mois au Royaume-Uni. Dans beaucoup de pays, l’employeur doit cependant prouver qu’il ne pouvait trouver d’autre candidat.

En matière de formation, les politiques varient aussi: l’Allemagne prévoit des cours de langue et d’éducation civique pour les demandeurs d’asile à fort taux d’admission, l’Espagne a aussi mis en place une évaluation des compétences. En France ces formations sont réservées aux réfugiés ayant le statut.

L’organisation plaide également pour recenser et valoriser les qualifications des migrants, en notant que ceux qui arrivent ont souvent un niveau de formation supérieur à la moyenne de leurs compatriotes.

Autre piste, intégrer l’emploi dans les critères de répartition géographique des réfugiés, pour « éviter que les arrivants soient envoyés dans des zones où il y a des logements, mais peu d’emplois ».

Le rapport suggère aussi de développer des programmes sur-mesure, des dispositifs pour les jeunes non accompagnés, de soigner les problèmes physiques et mentaux au plus tôt…

« On n’a pas le droit d’échouer sur la question des réfugiés », souligne Jean-Christophe Dumont, responsable de la division « migrations » à l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

Car « si on ne l’accompagne pas par des politiques publiques, on risque de grandes difficultés dans la durée en termes de cohésion sociale ».