Installer des portiques de sécurité dans les lycées comme le prévoit le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, est « techniquement inepte », estime mercredi Eric Debarbieux, spécialiste de la violence en milieu scolaire.

« Cette proposition est techniquement inepte. Tout point de concentration est potentiellement une cible. Les portiques non seulement concentrent les personnes mais de plus les fixent », indique M. Debarbieux, ancien délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire, sur le site de l’Association des journalistes de l’éducation (Ajéduc).

« S’agit-il, comme c’est présenté, de dissuader d’éventuelles attaques? Il est difficile de compter sur la politesse du gentil terroriste qui va choisir de passer les portiques avec sa kalachnikov ou sa ceinture explosive alors qu’un lycée s’étend sur parfois plus d’un hectare », relève-t-il.

« Il en va de même de la vidéoprotection. Espérer qu’elle effraye le terroriste est d’une naïveté déconcertante: tout +school shooting+ est un drame de la communication, où être visible par vengeance ou par revendication est indispensable! ».

Par ailleurs, « la recherche internationale sur les massacres scolaires a depuis longtemps montré que 75% de ces faits sont liés à des violences internes, elles-mêmes liées au harcèlement scolaire », souligne ce spécialiste de la violence scolaire mondialement reconnu.

« Penser qu’on traitera cela en enfermant l’école sur elle-même est une mollesse de la pensée et une méconnaissance de la réalité. C’est d’ailleurs un des leitmotivs énoncés par les experts internationaux réunis pour les États généraux de la sécurité à l’école », que M. Debarbieux avait présidé en 2011 à la demande de l’ancien ministre de l’Education Luc Chatel, rappelle-t-il.

Quant aux élèves, ils « vivront ces mesures comme un manque de confiance. C’est aussi de cette méfiance que naît finalement la violence antiscolaire », estime-t-il.

M. Wauquiez a annoncé il y a une semaine qu’il voulait d’abord expérimenter les portiques de sécurité dans quinze lycées, puis dans un « délai d’un an », « lancer la protection de la quasi-totalité des lycées » de sa région avec pour objectifs la « lutte contre le trafic de drogue », contre « les intrusions d’armes à feu » ou d’éléments extérieurs, et la « protection dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ». Il estime le coût à 20 millions d’euros.