Prof d’EPS en collège dans l’académie de Toulouse, Julien Andriot ne “se retrouvait pas” dans son enseignement. Alors que “souvent, l’enseignant donne la même activité à tous ses élèves, sans se soucier des difficultés de chacun”, lui souhaitait tendre vers “la différenciation et la pédagogie active”.
En 2014, il se lance dans la classe inversée. A l’époque, il se base sur “ce que faisaient les collègues” d’autres matières, et réalise des capsules à visionner en amont. “Je montrais physiquement le geste à faire au prochain cours, en disant : ‘voilà ce que j’attends de vous’”, note le prof.
Les vidéos à la maison « pas suffisantes » en EPS
Constat : “ce n’était pas suffisant”, lance Julien Andriot. “D’abord, parce que les élèves ne regardent pas forcément les capsules chez eux. Ensuite car ces vidéos ne me permettent pas de créer des groupes de besoin”.
Alors que dans une autre matière, “la classe inversée permet de déterminer un niveau d’acquisition des élèves”, l’enseignant constate que “ce n’est pas possible en EPS, où l’on apprend en situation, pas en vidéo”.
Capsules de « mise en bouche »
Suite à ce constat, le prof d’EPS s’interroge “sur l’utilité des capsules”, ou en tout cas sur la façon de les utiliser.
“Il n’est désormais plus question de juste utiliser des vidéos en amont. Celles que les élèves visionnent chez eux sont une ‘mise en bouche’, un avant-goût du cours, avec des astuces pour se préparer”, explique-t-il. Julien Andriot va désormais plus loin. En plus de ces “vidéos d’introduction”, l’enseignant en conçoit d’autres, à visionner pendant le cours.
“1 minute pour comprendre”
Avec ses 6e, 4e et 3e, il teste des “capsules du moment”, baptisées “1 minute pour comprendre”. Courtes, elles ciblent des points précis, à visualiser pendant la séance.
“Je connais les erreurs de mes élèves. Plutôt que de leur expliquer ce qu’ils pourraient faire seuls (tâches simples), je leur prête ma tablette. Ils regardent une explication en vidéo et reviennent me voir pour la mettre en pratique”, explique le prof. Objectif : “mettre les élèves en autonomie sur des tâches cognitives simples, afin d’être plus avec eux sur ce qui est complexe”.
Un prof « dédoublé » grâce aux capsules
En temps normal, par exemple en saut en longueur, “je vois les élèves passer, j’explique à l’un comment mieux sauter… pendant ce temps, une vingtaine passent derrière, et je ne peux pas les voir”, explique Julien Andriot.
En les rendant plus autonomes grâce aux capsules, “je me dédouble ! Je gagne du temps, je peux me consacrer à ceux qui sont en difficulté, et accompagner tout le monde dans les tâches plus complexes”, indique-t-il. A terme, le prof aimerait que “les capsules soient en libre disposition pendant le cours, sur un “mur du savoir”, et que les élèves puissent aller les chercher d’eux-mêmes, si besoin”.
La classe inversée avant et pendant le cours permet de mettre en place une pédagogie active. “Au lieu de donner une tâche à mes élèves et de leur promettre de venir les voir, tout en sachant que je ne verrai que la moitié d’entre eux, la différenciation se fait dès le départ : ils apprennent à évaluer leurs erreurs, puis viennent me voir, et je leur propose la capsule appropriée”, explique J. Andriot.
Vers plus de différenciation
Avec un “mur du savoir”, l’élève serait “encore plus autonome et acteur : il s’auto-évaluerait, et irait chercher lui-même la solution”. Bien que l’élève reste “en attente de la validation de l’enseignant, je ne l’aurais au moins pas laissé sans réponses”.
Pour l’instant, Julien Andriot “manque de recul”, mais ses élèves lui disent “qu’ils ont l’impression que je m’occupe plus d’eux. Ils me disent : ‘vous n’étiez pas là, mais vous avez répondu à ce qui me manquait’.”
“1 minute pour une situation”
Avec ses 3e, J. Andriot a un autre projet : créer des capsules permettant à l’élève de choisir lui-même, en arrivant en cours, une situation.
“J’essaie de créer des groupes de besoin : les élèves s’auto-évaluent et s’inscrivent dans un groupe correspondant à un niveau de départ. Chaque groupe démarre avec une situation différente”, explique le prof. “L’élève visionne la situation correspondant à son niveau et la met en pratique. Il est acteur, sans m’attendre pour se lancer”, ajoute-t-il.
Ce système “est encore compliqué à mettre en place”, reconnaît l’enseignant, pour qui le défi sera de concevoir “un nombre incalculable de capsules”. Mais à terme, il compte bien “coupler les vidéos à voir avant et après le cours”, afin de “mettre en oeuvre une pédagogie véritablement active”.
Avant : des capsules d’introduction au cours
Pendant : des capsules pour « comprendre » en 1 minute
Pendant : des capsules pour la mise en pratique d’une situation choisie en début de cours, en 3e / « 1 minute pour 1 situation »
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