Présidé par Yves Durand, le comité de suivi de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école présente aujourd’hui à l’Assemblée nationale son rapport. « L’ambition éducative de cette loi est si importante que l’application en est nécessairement difficile, en particulier dans la phase de démarrage » lit-on en préambule.
Le problème majeur souligne le rapport est « l’insuffisance de l’appropriation de la cohérence de la loi par les enseignants, par l’affadissement et la parcellisation de son application. » De plus, le fait que la mise en œuvre des nouveaux programmes n’arrive que trois ans après la promulgation de la loi nuit à sa portée.
Si le rapport rappelle que la loi de refondation « a emporté l’adhésion générale de ses usagers et de ses bénéficiaires, portant avec elle, suite à une grande concertation avec les acteurs, à l’été 2012, sa promesse d’égalité et de changement pour l’éducation », il note donc qu’il aurait fallu veiller à « l’appropriation de ses enjeux en continu et à soutenir les acteurs, dans la durée ».
Priorité au premier degré
Conformément à la loi, le comité de suivi souligne que « la priorité au premier degré » est bien présente « dans la politique éducative » mais que les moyens programmés et mis en oeuvre, malheureusement, sont « peu visibles pour les enseignants comme dans l’opinion ». Sur le terrain en effet, peu d’améliorations se font sentir.
Autre élément important : la réforme de la formation des enseignants. Cette dernière en effet indique le rapport « peine à trouver son équilibre sur le plan structurel et sur le plan pédagogique ».
Il existe une véritable « cassure entre disciplinaire et pratique et le séquençage M1-M2 : préparation du concours et stage. » Résultat : « le nouveau modèle de formation et l’objectif de création d’une culture commune à tous les personnels demeurent même incompris des stagiaires. »
Le rapport préconise pour améliorer cette situation entre autres de « valoriser la place de l’ESPE dans l’université » et de « mettre en place une formation des formateurs ».
La place des parents est également un autre élément important de la loi. Or si « la loi définit la participation des parents comme contribuant à la construction de l’école », à ce jour, ils demeurent les « fantômes » de l’institution, lit-on dans le texte.
Réformer, mission impossible ?
Le rapport conclut que la difficile mise en oeuvre de la refondation « illustre à plusieurs égards la difficulté française à réformer l’école. »
La réforme de la refondation de l’école a par ailleurs mal été comprise et en cela le débat public n’a pas aidé : en effet il a été accaparé par « des objets démobilisateurs et au demeurant extérieurs au texte législatif », comme le sujet des nouveaux rythmes scolaires.
La grande question à se poser désormais, termine le rapport, ne serait donc pas « quelles réformes mettre en place maintenant », mais « comment mettre en place une concertation permanente sur l’avancée du système éducatif, de manière à ce que les réformes soient appropriées et explicitées en continu ».
Il faut dire que les « objets démobilisateurs et au demeurant extérieurs au texte législatif » sont relativement nombreux. Dans la loi de refondation
– Rien sur la déstructuration des rythmes scolaires
– Rien sur la suppression des sections européennes, des sections bilangues, de la DP3, des langues anciennes (en partie restaurées sous une forme inviable depuis)
– Rien sur l’interdisciplinarité imposée aux enseignants et prélevée sur le temps de leurs cours.
On l’a compris : le problème n’est pas l’explicitation ou l’appropriation.
> Rien sur la déstructuration des rythmes scolaires
la limitation du nombre d’heure de cours à 26 par semaine est déjà une très bonne chose. Si on interroge les enseignants de chaque disciplines sur le nombre d’heures indispensables et que l’on totalise le tout on dépasse les 40 heures. Il est urgent que certains enseignants, notamment de disciplines «importantes», arrêtent de se regarder le nombril : ce sont les élèves qui importent.
> Rien sur la suppression des sections européennes, des sections bilangues, de la DP3, des langues anciennes
Pour ce que j’en ai vu dans mon collège, la DP3 n’apporte rien. Rallonger le stage en entreprise (ou le dédoubler) serait largement plus profitable.
Ça va faire couiner, mais pour moi le latin n’a pas d’autre intérêt que de faire des classes d’élite. Expérience vécue : proposer de répartir les latinistes dans les deux classes de LV2 espagnol (les classes dites «de m…» chez moi). Tollé chez la parents.
> Rien sur l’interdisciplinarité imposée aux enseignants et prélevée sur le temps de leurs cours
Imposée… j’aimerai voir mon chef tenter de m’imposer de travailler avec certains collègues. J’aime bien l’interdisciplinarité, quelle que soit la discipline. Mais pas avec n’importe quel collègue. Ça tombe bien, ceux que je ne peux pas encadrer de toute façon ne veulent pas en entendre parler du tout. Ouf, sauvé.
Prélevée sur le temps de leurs cours… voir plus haut.
« Déstructuration des rythmes? » Ils sont laissés à l’appréciation des communes. Mais vous préférez 4 jours? Je suis PE et je peux vous dire que je bénis chaque jour depuis qu’on est passé à 4,5j!!!
« Rien sur l’interdisciplinarité imposée aux enseignants et prélevée sur le temps de leurs cours »???? Non mais jusqu’où peut aller la désinformation? Quant à l’interdisciplinarité il est très drooooooooooooooooooooooole de constater que ceux qui sont contre disent en même temps: « mais on en fait déjà!!! » Bon alors??? :)))))))))))))
« Rien sur la suppression des sections européennes, des sections bilangues, de la DP3, des langues anciennes (en partie restaurées sous une forme inviable depuis) »: sections euro, bilangues et LA se mouraient doucement et surement. Mais ça évidemment personne ne veut l’admettre. La réforme va permettre à ces pauvres cadavres de reprendre un peu de couleurs.
Il est complètement faux de dire que les classes européennes et bi langue » se mouraient doucement ».
Ces classes, d’un grand dynamisme (organisation d’échanges…) ont permis d’augmenter le nombre d’élèves apprenant l’allemand en particuliers dans les zones d’éducation prioritaires alors que ce nombre diminuait depuis des années avant la mise en place de ces classes.
Dans ces zones, il a été démontré que les classes européennes et bi langues sont des facteurs de mixité sociale et de réussite scolaire.
Quand à la disparition de l’enseignement disciplinaire des langues anciennes (remplacé par quelques heures d’un enseignement dont le programme a été établi en catastrophe) cela va aboutir à la disparition de toute la filière de lettre classique, avec comme indicateur immédiat l’effondrement du nombre d’inscrits au C.A.P.E.S. dans ces matières (C’est le mème constat pour l’allemand).
Cette réforme déshabille Pierre pour habiller Paul.
Que ce tour de passe-passe se fasse au dépend de l’allemand et des langues anciennes ne vous émeut pas.
L’enseignement des langues en France reste le parent pauvre de l’éducation nationale. La ministre chante sur tous les tons qu’elle veut promouvoir cet enseignement. La réalité est que la réforme du collège diminue de moitié le nombre d’heures d’enseignement de l’allemand, qu’elle fait disparaitre le latin et le grec en tant que discipline, que mème si une seconde langue est proposée en cinquième pour tout le monde, c’est avec un nombre d’heures hebdomadaires insuffisant qui ne permet pas d’atteindre un niveau correct en fin de cycle et ce pour toute les langues.
Les professeurs de langue qui ont expérimenté la réforme disent tous que ce système est insuffisant.
L’égalité dont parle la ministre est une égalité du moins disant.
Alors oui, dans ces conditions, réformer l’école restera difficile, d’autant plus que la réforme se fait dans la précipitation et que ceux qui seront chargés d’appliquer la réforme ne sont pas écoutés ni reçus par la ministre.
« On l’a compris : le problème n’est pas l’explicitation ou l’appropriation. »
Tout dépend COMMENT on explicite. En se contentant de caricaturer, il est certain que l’explicitation devient capitale.