Priorité au primaire « diluée », nouveaux programmes scolaires en retard, nouvelle formation des profs à la peine: un rapport au Parlement pointe mercredi une mise en oeuvre « difficile » de la loi de refondation de l’école de 2013.
Les principes de cette loi de l’ancien ministre Vincent Peillon « font consensus pour l’ensemble des acteurs », estime le rapport du comité de suivi, présenté devant la commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée. Mais le comité se dit « frappé par l’insuffisance de l’appropriation de la cohérence de la loi par les enseignants, par l’affadissement et la parcellisation de son application ».
« La refonte des programmes, c’est-à-dire de ce qui va concerner tous les enseignants » se fera en dernier « compromettant le calendrier de la réforme et reportant ses effets », relève le comité, présidé par le député Yves Durand, rapporteur de la loi.
Les programmes de maternelle sont entrés en vigueur en septembre 2015, ceux du CP à la troisième s’appliqueront en septembre 2016, avec un an de retard.
La priorité au primaire « demeure morcelée et peu à peu diluée ». Cette priorité, qui passe notamment par le dispositif du « plus de maîtres que de classes » pour lutter contre l’échec scolaire et la relance de la scolarisation des moins de trois ans, a été « effective mais inégale ». Ses « moyens, absorbés par la poussée démographique », restent « peu visibles ».
Le débat public s’est focalisé sur la réforme des rythmes scolaires, qui ne faisait pas partie de la loi. « D’où un sentiment important de déception et des attentes encore très fortes », ajoute le rapport.
« Une loi ne suffit pas à changer l’école », souligne le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, dans un communiqué. Il demande une « amplification des créations de postes » pour tenir « les engagements de la loi », un « grand plan de formation continue des enseignants » et une « refondation du métier en dégageant du temps et en revalorisant les salaires ».
La création d’une formation initiale des professeurs, supprimée sous Nicolas Sarkozy, était « attendue par les enseignants », mais sa mise en oeuvre « est extrêmement difficile », avec encore « une cassure entre disciplinaire et pratique », observe le rapport. Selon M. Durand il faudrait s’interroger sur le contenu des concours d’enseignants, le moment où ils se déroulent (actuellement en première année de master) et la réelle mise en place d’un tronc commun censé donner une culture commune aux professeurs du primaire et du secondaire.
Côté nouvelles instances, le rapport relève la mise en oeuvre « très difficile » du Conseil supérieur des programmes (CSP), avec une charge « trop lourde », des textes en retard et des « positionnements concurrents » avec l’administration centrale du ministère et l’Inspection.
Concernant le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), le comité estime qu’il traite « de sujets d’actualité et de thèmes de recherche » très intéressants mais « le plus souvent en dehors de (sa) mission », alors qu’il devrait évaluer des dispositifs comme le « plus de maîtres que de classes ».
Pour le député UDI Rudy Salles, ce rapport « fait état de la déception de la communauté éducative ».
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