Pouvez-vous nous présenter votre émission ?
Le Grand Journal de l’Opéra, qui existe depuis septembre 2015, propose en deux heures de faire un tour de l’actualité lyrique en France et à l’international. L’émission comprend plusieurs moments : l’actualité est traitée sous forme d’interviews enregistrées d’un chanteur, d’un chef d’orchestre, d’un metteur en scène… mais aussi grâce à des reportages, dans les coulisses des spectacles – et sous forme discographique. Je vais dans ce cas par exemple proposer à l’écoute plusieurs extraits musicaux liés à des opéras qui reviennent beaucoup à l’affiche dans l’actualité. Enfin, bien sûr, l’actualité peut être traitée sous forme d’une interview en direct. L’objectif est de donner une vue d’ensemble de ce qui s’est passé sur la semaine, mais aussi de ce qui va se passer dans les jours à venir.
Nous nous adaptons bien évidemment aux événements : dans l’émission de dimanche prochain, nous rendrons hommage à Pierre Boulez, en passant des moments d’interviews qu’il m’avait accordées et des extraits musicaux, probablement de sa Lulu présentée à l’Opéra de Paris avec Patrice Chéreau.
A noter, l’émission est disponible en streaming sur internet pendant trois ans, et en podcast pendant un mois. Je mets par ailleurs sur le site des informations qui viennent compléter l’émission.
Pour 2016, allez-vous apporter des nouveautés à votre émission ?
Nous allons conserver le même format, cependant je pense prolonger parfois des moments qui sortent de l’actualité, sur le modèle de Lirico spinto, une émission que j’animais auparavant sur France Musique, entièrement dédiée à la programmation musicale et à la découverte de pépites…
Vous êtes un grand spécialiste de l’opéra. Pourriez-vous nous parler un peu des tessitures et de celle qui vous émeut le plus ?
Les tessitures vont chez les hommes du contre-ténor, qui est la voix la plus haute – héritage de ce qu’étaient aux 16 et 17 e siècles les « castrats » – au ténor, puis au baryton, au baryton basse et à la basse, qui est donc la tessiture la plus grave.
Pour les femmes, les voix les plus hautes sont les sopranos, puis les mezzo-sopranos, et les plus basses sont les contraltos, qu’incarnait par exemple Kathleen Ferrier.
Il y a des sous-catégories chez les femmes : chez les sopranos par exemple, on a des tessitures de colorature – qui sont les voix qui montent le plus haut dans les notes – de soprano lyrique, de soprano dramatique ou encore de soprano lirico spinto – grandes voix que l’on trouve par exemple chez Verdi.
Il faut savoir que ce n’est qu’à partir du 19ème siècle que l’on a vraiment accordé une grande importance aux différentes tessitures, mais à l’origine, ce n’était pas le cas, et les choses étaient peut-être un peu moins différenciées, ou classifiées. Enfin, la voix d’un artiste lyrique évolue, et au cours de sa carrière, il peut ainsi passer d’une tessiture à une autre.
La tessiture qui me touche le plus est celle des ténors. Cette voix est très émouvante, car au départ, elle n’est pas du tout naturelle chez les hommes. J’aime aussi chez les femmes toutes les voix de soprano.
Quels sont pour vous les plus grands noms de l’opéra ?
Je dirais Franco Corelli, un grand ténor italien des années 50, et parmi les artistes contemporains, Jonas Kaufmann. Et pour les artistes féminines, Callas bien sûr, mais aussi parmi les contemporaines, Anja Harteros, qui chante d’ailleurs souvent avec Jonas Kaufmann, et Julia Varady, qui a arrêté de chanter au début des années 2000.
Et les œuvres qui vous touchent le plus ?
Le Don Carlos de Verdi, un grand opéra en 5 actes, inspiré d’une œuvre de Schiller, dont le livret originel avait été écrit en français, avant de l’être en italien. Je citerais également Eugène Onéguine de Tchaïkovski pour la musique et pour l’œuvre de Pouchkine. Enfin, il y a des moments de grâce dans une œuvre particulièrement émouvants : je pense au premier acte du Cosi fan tutte de Mozart, où un trio de voix (Soave sia il vento) se fond merveilleusement, et particulièrement dans une version enregistrée avec Elisabeth Schwarzkopf, Nan Merriman, Sesto Bruscantini et Herbert von Karajan.
L’opéra est-il accessible, en particulier pour les plus jeunes ?
Oui, bien sûr ! Il existe aujourd’hui de multiples façons de découvrir l’opéra. Si voir un opéra est irremplaçable, il est également possible de le découvrir au cinéma ou sur internet par le biais de YouTube, où en plus de l’enregistrement de spectacles contemporains, une foule d’archives sont disponibles. Et les jeunes qui vont pour la première fois à l’opéra seront époustouflés d’écouter une voix d’une telle ampleur qui chante sans micro !
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