Une vingtaine d’employés des cantines marseillaises se disant grévistes mais licenciés pour abandon de poste ont attaqué selon une procédure d’urgence leur employeur Sodexo aux prud’hommes qui ont renvoyé vendredi l’affaire devant le juge du fond, a-t-on appris auprès des parties.

Ce conflit social concerne au total 23 chauffeurs-livreurs de la cuisine centrale de Marseille, et a ponctuellement perturbé l’approvisionnement des cantines scolaires de la ville depuis la fin novembre.

« L’ensemble des repas ont été assurés » aux écoliers marseillais, a toutefois précisé le géant de la restauration, même si les parents d’élèves ont regretté le manque d’information et le fait que les enfants aient dû se contenter de menus de substitution plusieurs jours de suite.

Dans un communiqué publié vendredi, la CGT a appelé Sodexo à revenir sur sa décision de licenciements et à réintégrer les salariés immédiatement, sans quoi le syndicat appellerait « à mettre un boycott de toutes les entreprises de Sodexo, à commencer par les repas de Noël et les chèques cadeaux ».

Les salariés concernés ont été licenciés pour faute lourde pour n’avoir pas repris le travail au lendemain d’une grève à la cuisine centrale des cantines marseillaise et de la signature par plusieurs délégués syndicaux d’un protocole de fin de conflit, qui prévoyait notamment des augmentations de salaires.

« Ils n’ont pas émis de revendication » montrant qu’ils étaient en grève, considère le groupe.

Leur licenciement « est une sanction très lourde, ils ont tout perdu pour trois heures de grève, c’est une violence sociale inouïe », s’insurge de son côté leur avocat, Me Steve Doudet. Selon lui, certains de ces salariés cumulent jusqu’à « 38 ans d’ancienneté ».

« Le droit de grève appartient aux salariés », qui n’ont pas à suivre les consignes d’un syndicat, a-t-il souligné, ajoutant que dans le privé, hors secteur des transports, le dépôt d’un préavis n’est pas obligatoire.

La faute lourde, commise dans l’intention de nuire à l’entreprise, est la plus grave qui puisse être reprochée à un salarié. Elle entraîne un licenciement sans indemnité ni préavis.

Groupe français fondé il y a près de 50 ans à Marseille, Sodexo se présente comme « le leader mondial des services de qualité de vie », fournissant aussi bien hôpitaux, prisons qu’universités. Il emploie 37.000 personnes en France et se présente comme le 1er employeur français dans le monde.