Après Toulouse et son pré-repérage des établissements hostiles à la réforme du collège, c’est aujourd’hui dans l’académie de Grenoble que les opposants risquent d’être recadrés.
Une « lettre de remarque » versée au dossier
Dans un courrier envoyé le 10 décembre dernier aux chefs d’établissement, la rectrice de l’académie invite en effet les chefs d’établissements à lui « signaler les personnels qui entravent délibérément le bon déroulement des journées de formation« , organisées pour guider les enseignants dans la mise en place de la réforme du collège.
Elle enverra ensuite aux professeurs concernés « une lettre de remarque qui sera versée à leur dossier ».
Des « attitudes d’opposition » de la part des personnels lors des journées de formation
La rectrice explique en effet que « quelques personnels expriment des attitudes d’opposition lors des premières journées de formation« , se traduisant par exemple par « une présence silencieuse et passive », ou « à l’inverse par une perturbation bruyante, par une forme d’agressivité à l’encontre des formateurs ».
Des comportements qu’elle juge « choquants de la part de personnels éducatifs en responsabilité d’élèves » et qui « ne sauraient être tolérés ».
Le bras de fer entre le ministère et les opposants à la réforme du collège ne semble pas prêt de se terminer, puisqu’une intersyndicale a lancé un appel à la grève contre le dispositif pour le 26 janvier prochain.
Le signalement ne se fait non pas pour les « enseignants hostiles », mais mais pour les enseignants qui ont une attitude contraire aux exigences de leur contrat de travail qui comporte des Droits et des Devoirs. Il est important d’enseigner aux enfants que la manifestation de désaccord doit se faire dans le respect du Droit.
@Viviane
si le fond du commentaire est correct, il faut peut-être rappeler que les enseignants n’ont pas de contrat de travail, donc ni droit ni devoir dans celui-ci…
Par contre il y a le code de la fonction publique, et celui-ci doit évidement être respecté.
Néanmoins sanctionner une attitude «silencieuse et passive» est stupide (oups… je ne suis pas sûr d’avoir le droit de qualifier une décision d’un recteur de stupide) et infantilisant. Ensuite je me demande bien comment qualifier juridiquement une attitude «silencieuse et passive»
Quand un de mes élèves préfère dessiner en cours, je me pose des questions sur mon cours :-/
Étant personnellement plutôt favorable à cette réforme, je me suis quand même fait gravement chié lors de la première réunion d’information tellement elle était soporifique, inintéressante, peu informative et mal présentée. Heureusement, j’étais à porté de wifi d’un hot-spot et j’ai pu passer 5 h sur les 6 à faire du bon boulot…
@Viviane:
Je ne suis pas d’accord. Alors dans cette formation on n’a pas le droit d’émettre des doutes, de montrer les incohérences, de simplement poser une question qui pourrait être considérer comme gênante. Mais on n’a pas le droit non plus de se taire.
C’est un déni total de droit. On nous met dans une position où quoique que l’on fasse, sauf dire OUI CHEF à intervalle régulier, on a tort
Et justement il me semble que nous sommes sensés enseigner l’esprit critique à nos élèves dans un Etat de droit afin d’un des citoyens responsables.
Que l’on soit pour ou contre cette réforme : c’est inadmissible.
Dans les Alpes de Haute Provence 15 des 17 collèges se sont clairement positionnés(motions en CA, lettres au recteur…) CONTRE cette « réforme » du collège.C’est une faute que de forcer une majorité d’enseignants à appliquer une réforme qu’ils refusent: ceux qui pensent que cela peut fonctionner n’ont pas un échantillon de pédagogie sur eux. Une « bonne » réforme qui voudrait promouvoir l’interdisciplinarité serait partie de l’idée qu’il fallait inciter les enseignants à changer leurs méthodes et non les contraindre. Pour les inciter on aurait élaboré des programmes cohérents entre eux où des objets riches seraient présents de manière transversale (ce qui n’est pas le cas dans les nouvelles propositions où les EPI viennent en plus )
Et surtout on aurait eu une véritable concertation sur la mise en oeuvre qui est catastrophique! (ces EPI venant ponctionner les horaires disciplinaires) De plus on assiste en ce moment (dans notre département) à des discours (au vu de notre opposition) du genre : on fera semblant, on colorera les emplois du temps avec des EPI et on ne vérifiera pas ce que vous en ferez: en gros les mêmes travers que pour les IDD …donc encore plus d’inégalités à terme: signalez moi si vous voulez, j’ai signé une lettre à mon recteur: il a mon nom mais au moins je peux me regarder dans une glace!
@Lionel :
«il fallait inciter les enseignants à changer leurs méthodes et non les contraindre»
On va faire semblant d’y croire, tout comme les enseignants ont été *incités* à utiliser le numérique… avec les résultats pitoyables que l’on sait. Certains enseignants on un peu trop tendance à confondre liberté pédagogique et liberté de faire comme bon leur chante.
«(ces EPI venant ponctionner les horaires disciplinaires)»
le dernier rapport de l’OCDE montre que les collégiens français ont 75 h de cours de plus que la moyenne avec 46% de «fondamentaux» contre 39% en moyenne.
Avec ça on peut croire et dire que le niveau de nos collégiens n’est pas bon, mais il faut alors en tirer la seule conclusion qui s’impose : les méthodes ne sont pas bonnes, l’efficacité de notre collège est à revoir. Et que constate-t-on : une (large ?) majorité pour dire «surtout on ne touche à rien»