Deux parlementaires ont dénoncé mardi « l’épidémie » de suicides qui frappe les jeunes Amérindiens de Guyane, lors de la remise à la ministre des Outre-mer d’un rapport de mission sur ce « drame stupéfiant ».
« Le drame stupéfiant du suicide chez les jeunes se déroule dans le silence le plus complet: il faut absolument mettre des moyens y compris sous forme dérogatoire », a déclaré Aline Archimbaud, sénatrice (EELV) de Seine-Saint-Denis.
La préface de son rapport, coécrit avec la députée (PS) d’Ille-et-Vilaine Marie-Anne Chapdelaine, souligne que « l’on peut parler sans exagération +d’épidémie de suicides+ ».
Les deux parlementaires se sont rendues en septembre en Guyane, remontant en pirogue les fleuves Maroni et Oyapock pour recueillir les témoignages des habitants des communes les plus reculées.
« Ces populations se sentent abandonnées, il y a une immense désespérance », a souligné Mme Archimbaud, rappelant que ces citoyens français « n’ont pas accès à des droits fondamentaux comme l’eau, l’électricité ou le téléphone », sans parler d’un accès à la santé ou à l’emploi.
L' »isolement » des villages, le « désoeuvrement » des jeunes victimes d' »échec scolaire ou du manque d’activité », leurs « troubles identitaires » entre tradition et modernité sont autant de facteurs alimentant un « mal-vivre », terreau d’un possible passage à l’acte.
Le population des Amérindiens est estimée à environ 10.000 personnes en Guyane française. Si le taux de suicide du département est moins élevé qu’en France métropolitaine (8 pour 100.000 habitants contre 16,2 pour 10.000), « il existe une forte concentration des suicides sur les zones peuplées par les Amérindiens », selon le rapport.
Parmi les 37 propositions énoncées par les parlementaires, 16 sont considérées comme « prioritaires ».
Il s’agit du « renforcement immédiat » de la prise en charge psychiatrique des suicidaires et de leur famille, avec l’intervention (comme en métropole) d’une cellule d’urgence en mois de 24 heures, la mise en place d’antennes médicopsychologiques à Camopi et Maripasoula, communes très touchées.
Mais il s’agit aussi de réaliser les infrastructures élémentaires (eau, électricité, internet, téléphone) et de « répondre à la forte demande en termes d’éducation », a souligné Mme Chapdelaine, parlant de la nécessité de généraliser la « collation » pour les enfants, de permettre des retours en pirogue le week-end des collégiens scolarisés loin de chez eux, ou de garder ouverts les internat pour lycéens à Cayenne.
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