La première année des études de médecine? 80% d’échec, beaucoup d’étudiants redoublants qui n’ont rien après deux ans de fac, un profil quasi uniforme des candidats reçus. Face à ce constat, les doyens de facultés de médecine souhaitent changer la donne.
Le numerus clausus, qui désigne le nombre maximal d’étudiants reçus au concours en fin de PACES (première année commune des études de santé), « est un échec », a estimé vendredi Jean-Pierre Vinel, président des doyens lors de leur 3e conférence, qui se tient tous les deux ans.
Créé en 1971 pour réguler la démographie médicale, ce numerus par faculté est décidé chaque année par arrêté ministériel. Mais « le vrai problème, c’est la répartition des médecins, une fois formés, sur le territoire. Or le numerus clausus est inadapté pour résoudre cette difficulté », selon M. Vinel, doyen de la fac de Toulouse.
Les doyens d’université préconisent donc un assouplissement des règles, en décidant par exemple du numerus clausus d’une université en fonction de ses capacités de formation, notamment pratique. Elles sont, selon M. Vinel, plus élevées en région parisienne et au sud que dans d’autres villes, qui bénéficient pourtant d’un numérus clausus supérieur, rapporté au nombre de candidats.
« On sait que les médecins circulent » et une partie d’entre eux doivent changer de région en fonction de leur rang de classement à l’internat, en fin de 6e année, note-t-il, se disant, à titre personnel, favorable à l’affectation des jeunes diplômés dans des territoires désertés par les médecins, pendant quelques années.
Autre piste, diversifier les recrutements. Les expérimentations se multiplient mais restent encore confidentielles.
Depuis un an, quelques facultés (dont celle de Bobigny, au nord-est de Paris) autorisent des étudiants en licence ou master, scientifiques ou autres, à entrer directement en 2e année de médecine, après examen de leurs notes, entretien et un enseignement de complément.
A terme, la fac de Bobigny souhaite réserver 30% de son numérus clausus aux étudiants hors PACES, a indiqué son doyen Jean-Luc Dumas. Ces passerelles sont même ouvertes aux licences STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives).
Un recrutement autre qui permet aussi de diversifier l’origine sociale des étudiants en médecine (beaucoup sont actuellement issus des milieux favorisés).
Pour éviter qu’une partie des jeunes perdent deux années –en cas d’échecs au concours de la PACES qu’on ne peut passer que deux fois–, la conférence plaide pour une épreuve dès octobre, car « un étudiant qui n’est pas en marche un mois après la rentrée a d’ores et déjà accumulé trop de retards », selon M. Vinel.
Depuis quelques années, un premier examen, en décembre ou janvier, permet de réorienter sans attendre la fin de l’année les 13% de jeunes les plus mal classés, mais il est trop tardif, selon les doyens.
La sélection à l’entrée de l’université est interdite par la loi.
Côté contenu, les doyens suggèrent une orientation plus généraliste –elle est actuellement axée sur les maths et la physique–, afin que la réorientation des « collés » soit plus aisée.
Quelque 8 à 8.500 étudiants sortent tous les ans diplômes des facs de médecine en France, mais près d’un quart ne s’inscrivent pas au conseil de l’ordre des médecins, signe que les aspirations de certains étudiants ne correspondent pas à la réalité du métier.
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