CNMHELes ministères chargés de l’Education Nationale et des Outre-Mer, et le Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage, ont décidé de lancer le concours national La Flamme de l’égalité. En quoi consiste cette opération et à qui s’adresse-t-elle ?

Les ministères chargés de l’Education Nationale et des Outre-Mer, et le Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage (CNMHE) lancent conjointement le concours pédagogique national « La Flamme de l’égalité ». Jusqu’au 10 février 2016, les enseignants du primaire et du secondaire – collèges et lycées d’enseignement général, technique et professionnel – sont invités à mener avec leurs élèves une réflexion et à réaliser un projet sur l’histoire des traites et des captures, sur la vie des esclaves et les luttes pour l’abolition, sur leurs survivances, leurs effets et leurs héritages contemporains.

Quels sont les grands objectifs de ce concours et comment est-il né ?

Ce concours est né à l’initiative de George-Pau Langevin, ministre des Outre-Mer, qui a demandé au CNMHE (qui en avait par ailleurs formulé le souhait) de concevoir ce concours. Il a reçu rapidement l’assentiment de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education Nationale. C’est par la conjonction de ces trois forces que le concours est né, dans un moment où il était nécessaire de rappeler les principes républicains d’égalité. Or, l’histoire des esclaves est un magnifique exemple de personnes mises en esclavage et qui ont lutté constamment pour leur liberté et pour imposer au monde leur égalité.

Cette année, le thème abordé est-il en lien avec les programmes scolaires ?

Le concours est tout à fait en adéquation avec les programmes scolaires d’histoire mais aussi avec le nouvel enseignement inscrit dans les programmes : celui de l’enseignement moral et civique.

Le thème retenu cette année pour le concours « La Flamme de l’égalité » est le suivant : « Récits de vies : restituer la voix des acteurs et des témoins de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions ».
Cette thématique invite les élèves à porter une attention particulière sur des parcours individuels exemplaires, sur des acteurs historiques de l’abolition de l’esclavage, ou encore sur des auteurs et artistes dont l’œuvre est fortement inspirée de ces personnages parfois oubliés ou négligés. Accompagnés de leurs professeurs, les élèves sont amenés à étudier des événements, des archives, des faits historiques et des figures emblématiques. Ceux-là peuvent s’inscrire dans des ancrages locaux, en s’intéressant par exemple à des lieux de mémoire, ou concerner des documents cartographiques ou iconographiques, des œuvres littéraires ou artistiques, des discours fondateurs, des débats philosophiques, ou encore des procès, des lois, des événements.
Ce sont des projets pluridisciplinaires qui sont attendus, et il s’agit de faire travailler collectivement des élèves de même niveau. La mise en forme des projets pour le concours est libre : recueil de témoignages et entretiens, représentation scénique, production visuelle, etc.

Le 10 mai 2016 aura lieu la cérémonie nationale de remise des prix à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. De quelle manière sont choisis les lauréats du concours ?

La gestion opérationnelle de ce concours interdisciplinaire a été confiée à la Fédération de Paris de la Ligue de l’enseignement. Il émane d’une proposition originale du CNMHE, conseil du gouvernement sur les enjeux de mémoire, d’histoire de l’esclavage et de discriminations induites. Une présélection sera opérée au niveau des académies, et pour la finale, un jury national désignera au mois d’avril, dans chacune des trois catégories (primaire, collège, lycée) un projet lauréat ainsi qu’un ou deux autres projets méritant une mention spéciale.

Les collèges d’évaluateurs, au niveau académique puis national, seront sensibles tout autant au déroulement du projet qu’à sa production finale. La démarche des élèves, à savoir l’étude, l’interprétation, l’analyse de personnages, parcours, événements, archives, et faits historiques, devra donc être valorisée. Les travaux retenus en réponse au concours pourront éventuellement être repris sous forme d’expositions, de fiches pédagogiques, d’enregistrements ou de publications.

Les enseignants ont-ils accès à des ressources pédagogiques pour les aider à préparer au mieux le concours avec leurs élèves ?

Le site internet « La Flamme de l’égalité » comporte des ressources complètes pour les enseignants : une bibliographie, une sitographie, des films, des projets d’artistes, des exemples de mise en œuvre…

Cette année est la première édition du concours « La Flamme de l’Egalité ». Pensez-vous renouveler cette opération l’an prochain ?

Le concours de « La Flamme de l’égalité » est un concours national inscrit dans la durée. C’est un concours pérenne car il œuvre à la réflexion constante qui doit être faite sur la lutte contre les discriminations. Par l’éducation, la recherche, l’enseignement, les patrimoines, la transmission, et en combinant les disciplines, il aspire à conforter la construction d’une mémoire collective autour de valeurs partagées, afin d’étayer le sentiment d’une appartenance commune et d’enrichir la mémoire nationale. Au cours de la réalisation de leurs projets, les élèves approfondiront leur connaissance et leur compréhension de l’esclavage et de ses effets pour prendre conscience, in fine, de l’importance qu’il y à préserver la dignité humaine et, pour cela, à agir en citoyens libres et égaux.

Comme le rappelle la profession de foi du CNMHE, « l’égalité entre les citoyens est un processus et un combat de vigilance continue, construite sur les soulèvements d’esclaves rebelles conjugués aux combats abolitionnistes, elle se construit avec leurs descendants comme sentinelles et porteurs de ce message aujourd’hui. »