Les associations d’enseignants de langues anciennes et de lettres APFLA-CPL, APLAES, APLettres, CNARELA, SEL et SLL reviennent cette semaine dans un communiqué sur les résultats d’une enquête de la DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) du ministère de l’Education nationale intitulée « Le latin au collège : un choix lié à l’origine sociale et au niveau scolaire des élèves en fin de sixième ».
Cette enquête réalisée en 2014 analyse le poids du latin dans le parcours scolaire de 35000 élèves entrés en 6e en 2007, jusqu’à leur obtention du baccalauréat en 2014.
Choisi par 44% des enfants d’enseignants, mais…
Les associations dénoncent le titre trompeur de cette étude et les contresens de la presse dans sa lecture. Elles reconnaissent que l’étude montre que le latin est choisi par « 44% des enfants d’enseignants« (et 39% des fils et filles de cadres, pour seulement 20% d’enfants d’employés et 15% d’enfants d’ouvriers ndlr). Mais soulignent-elles, se référant à une autre étude de la DEPP, le bilan annuel « Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche 2015 » (RERS 2015), seuls 3,3% des collégiens sont enfants d’enseignants. Et surtout 62,5% d’élèves latinistes sont enfants de classes intermédiaire, moyenne (agriculteurs, artisans, commerçants), ou défavorisée (ouvriers et chômeurs).
Le latin facteur de réussite pour les plus défavorisés
Mais ce qui importe le plus poursuivent les associations, c’est qu’au contraire de ce qu’on a voulu lui faire dire, l’étude de la DEPP sur le latin au collège prouve que « les effets positifs de l’apprentissage de cette langue ancienne sont d’autant plus marqués pour les élèves que leur origine sociale est défavorisée ». Il est véritablement « accélérateur d’égalité » lit-on sur lepoint.fr. Ainsi, « le succès aux examens (brevet des collèges et baccalauréat) des élèves latinistes de milieu défavorisé est supérieur de 21,5 points au brevet, 23 points au baccalauréat, à celui de leurs camarades de même milieu non latinistes. »
Les associations notent également que l’étude de la DEPP révèle que « le latin participe à la mixité sociale : les enfants de milieu favorisé fréquentent le collège d’éducation prioritaire de leur secteur quand il offre le latin ».
« Une faute intellectuelle »
Par conséquent s’insurgent-elles, « démembrer ces matières est une faute intellectuelle« , et plus encore « les dénaturer en kit (les EPI, monstres administratifs) » dans le cadre de la réforme du collège.
« Les professeurs de lettres classiques sont enchantés de ces résultats au moment où le latin et le grec sont menacés par la réforme du collège » note de son côté Sophie Coignard dans sa chronique intitulée « Latin : le silence coupable de Najat Vallaud-Belkacem » sur lepoint.fr.
Enchantés certes, néanmoins plutôt désabusés : on ne compte en effet qu’1,1 inscrit par poste offert pour le CAPES de lettres classiques 2016, soit le taux par discipline le plus bas…
Décidément les fautes intellectuelles c’est une épidémie….
Ceux qui sont « enchantés », mais pas étonnés de ce que démontre l’étude DEPP, ce sont les ENSEIGNANTS de Langues Anciennes.
Ceux qui sont peu nombreux, ce sont les ETUDIANTS candidats aux concours en Lettres Classiques – et il faudrait se demander pourquoi ils sont si peu nombreux, ce qui ne veut pas nécessairement dire qu’ils sont « désabusés »….. puisqu’ils s’engagent dans la voie qui mène à l’enseignement des Langues Anciennes, c’est qu’ils y croient, non ?
Demandons-nous pourquoi, alors qu’ils ne sont pas assez nombreux eu égard aux besoins de recrutement officiellement affichés, ces étudiants pourtant motivés ne bénéficient d’aucun soutien de l’Education nationale…
Ils sont des perles rares, mais qu’ils se débrouillent, qu’ils parviennent à être reçus ou non, que les élèves aient des profs ou non, l’Education nationale s’en lave les mains et se refuse à investir un sou – c’est ça le message à la jeunesse ?
Il est bien difficile pour les étudiants de s’engager dans le métier de professeur de Lettres classiques, alors qu’on vient d’annoncer la suppression des cours de langues anciennes au collège (il est vrai que le Ministère a vite cédé devant la levée de boucliers pour rétablir des cours, mais avec un horaire fortement amoindri, et une existence des LCA très aléatoire).
N’oublions pas non plus les attaques répétées de la hiérarchie, qui accuse les professeurs de langues anciennes de « ne faire que des déclinaisons », d’être réactionnaires ou encore d’être élitistes et de vouloir « protéger leurs privilèges ».
Comment s’étonner ensuite (alors que ces attaques culminent aujourd’hui mais existent depuis des années) du faible nombre de candidats au concours?
On peut faire le même constat au sujet du concours d’allemand: les candidats ne se bousculent pas alors que les professeurs titulaires sont menacés de perdre leurs heures, de devoir répartir leur temps sur trois établissements – qui en province, peuvent être à grande distance les uns des autres – et d’être occupés à « d’autres tâches au sein des établissements ».
Bravo. Ces réformes font tomber une nuit de l.´intelligence et sont méprisantes pour ceux qu’elles prétendent servir