Comment se portent les liens entre les parents et l’école ?
Les réponses des 3 acteurs concernés (directeurs d’école, chefs d’établissement du secondaire, parents d’élèves) permettent de trouver des lignes communes, qui montrent que les liens entre parents et école ne sont pas rompus. Mais des signaux inquiétants indiquent qu’ils sont en danger.
Ainsi, la même proportion (55%) de directeurs, de principaux, de proviseurs et de parents considèrent que le climat scolaire est bon… Mais il y a quand même 13% de parents et de chefs d’établissement qui estiment que les relations parents-école sont mauvaises !
Il faut aussi noter que les parents et les chefs d’établissement sont d’accord pour dire qu’il y a parfois une forte intrusion de certaines familles, débouchant sur des cas de harcèlement, d’agression ou de violence.
Le grand point noir concerne la relation avec les professeurs…
26% des parents considèrent que les enseignants ne les informent pas régulièrement sur les progrès et difficultés de leurs enfants. 46% des familles pensent aussi que les profs ne font pas le nécessaire pour avoir une “relation positive” avec elles – par exemple, pour leur donner des informations lors d’un rendez-vous, au lieu de leur faire la morale.
Les chefs d’établissement n’ont pas le même avis : 93% pensent que les professeurs informent assez les parents sur les progrès des élèves. Pourquoi ? Parce qu’ils pensent que l’équipe éducative fait de son mieux. Nous avons affaire à une divergence d’opinions qui reflète l’absence d’un langage commun, d’un projet créé en amont avec les parents.
A travers mes différentes enquêtes menées depuis 2004, je peux affirmer qu’en 10 ans, les liens parents-enseignants se sont distendus, et la situation s’aggrave. L’Ecole se ferme, face à des parents de plus en plus intrusifs, devenus “consommateurs”. 20% des familles se considèrent comme usagers d’un service public… si ce service n’est pas à la hauteur, ils se sentent en droit de faire des réclamations, et si elles ne sont pas prises en compte, ils changent de crèmerie (en partant dans le privé) ou se mettent à harceler les équipes pédagogiques.
Qu’en est-il de l’investissement des parents ?
Les parents et les personnels de direction partagent le même avis (50% des deux côtés) sur le manque d’investissement de certaines familles, qui ne se sentent pas concernées par la vie de l’établissement. Le désintérêt de certains parents est patent. Beaucoup s’en remettent totalement à l’école – ils déposent leurs enfants le matin, et ne s’intéressent pas aux études de leur progéniture.
En ce qui concerne le travail à la maison, les parents (58%) considèrent qu’ils savent ce qu’il faut faire pour aider leurs enfants, mais de l’autre côté, 61% des chefs d’établissement disent le contraire : il y a une sous-estimation de la possibilité familiale d’éduquer. Les parents se considèrent capables d’aider, mais on ne leur donne pas les outils nécessaires pour le faire. Il y a là un gros effort à faire de la part de l’Education Nationale.
Comment éviter un “divorce” entre les parents et l’école ?
Il faut rétablir le dialogue et une relation de confiance mutuelle : le vivre ensemble et les valeurs républicaines portées par l’école publique, comme la laïcité, sont en jeu. Heureusement, des solutions existent pour construire une véritable politique de coéducation. Il s’agit de ne plus cantonner les parents à l’extérieur, mais de les faire participer au fonctionnement de l’établissement.
En échangeant avec les enseignants, les parents finissent par intégrer des idées qu’ils ignoraient parfois, comme les valeurs de laïcité. Ils ont un comportement moins agressif envers l’école, et cela se ressent sur l’attitude et les résultats de leurs enfants. Plus les parents participent à des projets concrets, meilleur est le climat scolaire. Le plus intéressant est de constater qu’ils sont partants, qu’ils ont envie de s’impliquer – tout comme les profs ont envie de collaborer avec eux, tant qu’ils ne sont pas agressifs.
Quelles actions concrètes pourrait-on mettre en place ?
Il faut associer les parents en amont, avant la rentrée des classes : les rencontrer, faire connaissance et déterminer ensemble comment il serait possible de collaborer. Il faut amener les parents à se sentir utiles, afin qu’ils se sentent davantage concernés par la vie de l’établissement scolaire. L’idée est d’impliquer les parents, en les faisant venir à l’école – pas seulement 2 ou 3 fois par an, mais régulièrement.
Par exemple, en créant des instances “partenariales” mixtes, chargées de suivre les problèmes de vie scolaire, comme c’est le cas dans certains collèges, où des parents intègrent des cellules “gestion des conflits” dans le cadre de projets menés par les établissements pour prévenir les violences scolaires.
Un autre exemple : l’école ouverte. L’idée est d’accueillir les parents pendant les vacances, et de les faire participer à des activités éducatives, aux côtés des profs et des élèves. Les établissements scolaires deviennent des lieux de dialogue et d’échanges, et les familles, des “alliées” de l’école.
Faut-il agir aussi sur la formation des enseignants ?
Il faut absolument former les enseignants à la relation avec les parents. Cette formation, mise en place autrefois dans certaines IUFM, n’existe plus. Communiquer avec les parents d’une façon positive ne s’improvise pas. Il faut étudier des situations concrètes, qui remontent du terrain. Cet apprentissage de la relation avec les parents ne doit pas se limiter aux ESPE : il doit aussi être constamment “rappelé” aux professeurs, à travers la formation continue.
Panel hallucinant : dans les acteurs concernés, il n’y a pas les enseignants ! Trop bêtes pour être pris en compte ? Objets de discours des autres acteurs, mais pas au cœur de cette relation ?
Les habitudes de la haute administration de l’éducation nationale (dédain de l’avis des profs) ont la vie dure.
Sur le fond, les différences sociales de rapport à l’école sont oubliées. On espère que des expériences concrètes ont été étudiées, elles ne sont malheureusement pas citées, a contrario de propositions peu réalistes.
Tout à fait d’accord avec votre réaction. Cette enquête, ou son exploitation, ne fait pas le tour complet de la question.
Les enseignants de college sont souvent suffisants. On a affaire a d’anciens bons eleves qui affichent leur statut de professeurs avec arrogance. Mais soyons clair meme si les profs de college ont une culture generale correcte ils n’ont rien de geniaux. Les vrais professeurs sont les professeurs d’universite, de classes prepa . Les profs de college peinent a tenir une classe et font des cours somme toute generaux et ennuyeux.
Monsieur, vous vous trompez complètement. Je suis enseignante en collège mais ne fais pas partie des anciens bons élèves. Pas du tout! J’ai redoublé 2 classes et ai été renvoyée de mon premier collège et nous en rions avec d’autres collègues à peu près dans le même cas.Je ne m’estime pas géniale mais j’espère que mes cours ne sont pas toujours généraux et ennuyeux! Il serait d’ailleurs bien difficile de nos jours de pouvoir « tenir une classe » comme vous dites, avec ce type de cours.
Aujourd’hui construire un cours demande plus que jamais de la créativité et la présence d’activités variées afin de compenser une capacité de concentration mise à mal par notre société actuelle et une hétérogénéité grandissante.
Vous estimez que les enseignants affichent leur statut de professeur avec arrogance?Je crois plutôt que nous évitons de mettre en avant notre statut à chaque fois que cela est possible afin de ne pas recevoir des agressions comme les vôtres.