Privilégier le calcul mental sur l’écrit, insister davantage sur l’apprentissage des tables d’addition et de multiplication, développer les jeux de société à la maison: une conférence de consensus a dévoilé jeudi des recommandations pour aider les écoliers à mieux compter et calculer.

Partant du constat que trop d’élèves sont à la traîne en mathématiques, le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) et l’Institut français de l’éducation (Ifé) ont organisé mi-novembre une conférence de consensus, aboutissant aux recommandations publiées jeudi.

A fin du primaire, plus de quatre élèves sur dix (42,4%) ont une maîtrise fragile, voire de grandes difficultés en maths, selon le ministère de l’Education. Des difficultés qui s’aggravent au collège.

Presque un quart des élèves de 15 ans ont un niveau très bas dans cette matière, constate aussi l’enquête Pisa 2012 de l’OCDE.

Or, la maîtrise des nombres et du calcul est nécessaire pour la suite de la scolarité, puis dans la vie quotidienne des adultes: écrire un montant sur un chèque, décrypter une facture, calculer un pourcentage…

Pour obtenir de meilleurs résultats, le jury de la conférence prône notamment de faire évoluer les pratiques des enseignants. Il s’agit entre autres de « développer la manipulation d’objets tout au long du primaire, pas seulement en maternelle » (parties d’un disque en bois pour les fractions…) ou d’exprimer les nombres à l’oral avant de les écrire.

Mais aussi « ne pas attendre la maîtrise parfaite d’une notion pour en aborder une nouvelle », là où certaines notions qui nécessitent du temps peuvent aujourd’hui être reléguées en fin d’année. Il s’agit d’éviter que la moitié des élèves arrivant au collège confondent 1/4 et 1,4.

– Une ‘battle’ de calcul mental –

De même, l’apprentissage des nombres et des calculs « nécessite d’insister davantage sur l’apprentissage des tables d’addition et de multiplication ».

Il faudrait aussi privilégier le calcul mental par rapport au calcul écrit, qui ne fait pas intervenir les mêmes activités cognitives, et faire expliquer à l’élève comment il parvient à son résultat. Ce qui permet de mettre en lumière différentes techniques pour résoudre un même problème ou bien « d’utiliser l’erreur comme levier pédagogique ».

Les parents sont invités à participer en proposant aux enfants des « situations ludiques d’apprentissage » (jeux de société, mettre le couvert, faire un gâteau, lire l’heure).

Autre point de vigilance, la formation des enseignants, qu’il faudrait adapter: 80% des professeurs des écoles n’ont pas suivi un cursus scientifique lors de leurs études supérieures.

Face à un foisonnement de ressources mathématiques sur internet, où l’on trouve « de tout, il y a une responsabilité du ministère de mettre à disposition des enseignants des ressources » validées, a estimé Jacques Grégoire, professeur à l’université de Louvain (Belgique) et président du jury.

A noter qu’en voulant aider les élèves, certains instituteurs peuvent paradoxalement aggraver leurs difficultés, par une trop grande simplification qui diminue leur réflexion.

La conférence a aussi recensé des initiatives pour apprendre les maths autrement à l’école, comme une « battle » de calcul mental entre élèves de CM2 et 6e à Lens ou une « approche sensorielle » en Haute-Savoie pour dépasser les blocages d’élèves en difficulté (chiffres rugueux, marelles de chiffres, comptines chiffrées…).