Ils n’étaient que lycéens ou étudiants mais sont considérés comme des résistants de la première heure: le gouvernement rendra hommage mercredi aux milliers de jeunes qui ont défilé le 11 novembre 1940 sur les Champs-Elysées, bravant l’interdiction de l’occupant allemand.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, et Jean-Marc Todeschini, secrétaire d’Etat chargé des Anciens combattants et de la mémoire, participeront à cet hommage à 09H30 sur l’avenue des Champs-Elysées. Quelque 75 ans plus tôt, 2.500 à 3.000 lycéens et étudiants s’étaient rassemblés à cet endroit en chantant La Marseillaise ou criant « Vive de Gaulle », malgré l’interdiction de défiler en souvenir de l’armistice de 1918.

Un millier d’entre eux furent arrêtés par la Wehrmacht et la police française, 123 d’entre eux furent incarcérés -souvent de longs mois- et une quinzaine blessés par les balles, les éclats de grenade et les crosses des fusils des soldats allemands.

« Première forme publique et collective d’hostilité à l’occupant, l’événement fut ensuite célébré comme la première manifestation de la Résistance nationale », explique l’historien des mouvements étudiants Alain Monchablon dans la revue Vingtième siècle (février 2011).

Cette manifestation fut aussi « le tremplin de l’entrée dans la Résistance de nombreux étudiants et lycéens de Paris », écrit Maxime Tandonnet dans son livre « 1940, un autre 11 novembre ». Le général de Gaulle qualifia l’événement de « première réponse de la France à son appel du 18 juin » dans ses Mémoires de guerre.

A l’automne 1940, le mécontentement des étudiants est renforcé par l’arrestation de trois responsables universitaires. Le 8 novembre, des mots d’ordre circulent dans les lycées et les facultés, donnant rendez-vous le 11 novembre au Rond-point des Champs-Elysées pour fleurir la statue de Clemenceau et gagner l’Arc de Triomphe.

« Le lundi 11 novembre en début d’après-midi, jour de mes 18 ans, je trouve sur mon pupitre au lycée Condorcet un tract appelant à manifester à 17h00 », avait raconté en 2010 à l’AFP Pierre-André Dufetel, président national de l’Association des résistants du 11 novembre 1940, depuis décédé.

« J’y ai été. J’ai vu. Je n’ai pas vaincu, mais j’ai manifesté », témoignait dans son journal Micheline Bood, quatorze ans à l’époque. « Ah mes enfants ! Qu’est-ce qu’on va avoir comme représailles ! Mais je peux dire : « J’Y ÉTAIS ».

En 2010, Nicolas Sarkozy, alors président, avait dévoilé une plaque en hommage aux jeunes qui avaient défilé « au péril de leur vie ».