En mai, fais ce qu'il te plaît - Source http://enmaifaiscequilteplait.org/le-film/

En mai, fais ce qu’il te plaît – Source http://enmaifaiscequilteplait.org/le-film/

En mai 1940, alors que les Allemands envahissent la France en passant par les Ardennes, les habitants d’un petit village du Pas-de-Calais décident de partir sur les routes en abandonnant tout derrière eux pour fuir l’ennemi et rejoindre la côte. Comme des millions d’autres à cette période, ils entament ainsi leur exode.

Ce véritable épisode historique est le point de départ du nouveau film de Christian Carion, En mai, fais ce qu’il te plaît. Alice Isaaz, qui joue une institutrice, a répondu à nos questions.

Vous interprétez Suzanne, l’institutrice du village, éclaireuse du convoi durant l’exode de 1940. Comment avez-vous préparé ce rôle d’enseignante dans un contexte si particulier ?

A cette époque, l’instituteur n’était pas considéré de la même manière qu’aujourd’hui. C’était un emblème de la République, un pilier du village ! Souvent il était nommé très jeune, vivait au-dessus de l’école, il avait donc une vie particulière.

Cependant, dans le film, Suzanne est certes une institutrice, mais très vite elle devient une femme comme une autre dans ce village qui part sur les routes. Elle se retrouve, comme tout le monde, à ne pas faire sa toilette, à dormir à la belle étoile, son métier d’institutrice n’est plus vraiment au premier plan. A part dans cette fameuse scène où elle fait réciter une fable de la Fontaine aux enfants, pour les détourner d’une vision d’horreur sur le chemin. Ce sont ces aspects que j’ai davantage travaillés pour le rôle, en m’aidant de témoignages.

Pourquoi avoir choisi de participer à un film centré sur cet épisode de l’histoire en particulier ?

J’ai été bouleversée quand j’ai lu le scénario, parce que je n’ai pas le souvenir qu’on m’ait suffisamment parlé de l’exode à l’école. Je me souviens, par exemple, que l’horreur des camps de concentration nous a été bien expliquée, mais j’ai l’impression que l’exode a été énormément survolé. Et pourtant, il y a eu quasiment 10 millions de personnes sur les routes, des gens qui ont tout abandonné du jour au lendemain, certains ont été fusillés en chemin, comme on le voit dans le film. Pour tout cela, je me suis dit qu’il fallait rendre hommage à ces gens-là, et montrer aux nouvelles générations ce qu’ils avaient vécu.

Je pense que le devoir de mémoire est quelque chose d’extrêmement important. Il faut que le souvenir de ces événements soit transmis de génération en génération et qu’il y ait le plus possible d’archives et de film qui témoignent de cette époque.

Vous pensez donc que les enseignants devraient davantage mettre l’accent sur cet épisode de l’histoire ?

Oui, mais j’imagine que ce n’est pas eux qui font les programmes d’histoire, ils ont des instructions à suivre. Il y a tellement de choses à enseigner, forcément il y en a sur lesquelles ils passent peut-être un peu rapidement. Mais je pense que ce serait important effectivement, surtout quand on voit aux actualités que ça se reproduit.

Que peut justement apporter le visionnage de ce film aux élèves d’aujourd’hui ?

C’est déjà une très belle leçon de solidarité, de fraternité, de courage. Je trouve qu’on manque parfois de solidarité aujourd’hui et ce genre d’histoire nous rappelle qu’il faut savoir se serrer les coudes. Et ensuite, c’est le moyen de les sensibiliser à l’actualité du moment, à ce qui se passe avec les migrants. Je pense que les plus jeunes voient cela d’un œil détaché, comme si cela ne les concernait pas, que ça ne les touchait pas. Ce film, c’est l’occasion de leur montrer que quelque chose de similaire est arrivé dans leur pays, il y a 70 ans. Ces gens-là sont animés par le même espoir, la même énergie de vivre, de survivre. Voir le film peut donc permettre aux jeunes de porter un autre regard sur cette triste actualité.

En mai, fais ce qu’il te plaît, de Christian Carion, avec August Diehl, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner, Alice Isaaz et Matthew Rhys, sortira au cinéma mercredi 4 novembre.

A l’occasion de la sortie du film, les enseignants sont invités à recueillir auprès de leurs élèves des témoignages issus de membres de leur entourage ayant vécu l’exode. Ces témoignages seront ensuite publiés sur le site Internet du film.

Un dossier pédagogique très riche sur le film et l’exode de mai 1940 est également téléchargeable.