Face à la pauvreté, cause d’échec scolaire, le ministère de l’Education Nationale s’est penché le 14 octobre sur le rapport remis en mai par l’inspecteur général de l’Éducation nationale, Jean-Paul Delahaye, « Grande pauvreté et réussite scolaire ». Un séminaire a réuni, à Paris, des recteurs, des inspecteurs, des chefs d’établissement, des enseignants, des parents d’élèves et des directeurs d’ESPE.
Pour Najat Vallaud-Belkacem, il s’agissait de réfléchir à des solutions concrètes. « En abordant la question de la réussite pour tous, on se voit très fréquemment opposer des contre-exemples, comme ‘tel élève dans une situation de précarité extrême a réussi un parcours brillant’… Ces contre-exemples sont surtout convoqués pour ne rien changer », a lancé la ministre lors du séminaire, relayé par l’AFP.
Une augmentation des fonds sociaux de 40% en 2 ans
Najat Vallaud-Belkacem a mis en avant sa détermination, citent Les Echos, « à mettre un terme aux économies réalisées depuis des années sur le dos de ceux qui souffrent le plus de la pauvreté ». Dans un communiqué, elle présente ainsi ses mesures contre la grande pauvreté à l’école.
La ministre annonce d’abord une augmentation des fonds sociaux, de 40% en deux ans : « le montant est augmenté de 20% dès cette année et atteindra ainsi plus de 41 millions d’euros. En 2016, 8 millions d’euros supplémentaires seront alloués ».
Dans le cadre du plan national de formation sur la question de la grande pauvreté, « l’accompagnement des enseignants » sera renforcé. Et selon la ministre, la lutte contre la grande pauvreté intégrera le tronc commun enseigné dans les ESPE.
« Une répartition des moyens plus juste »
Najat Vallaud-Belkacem en profite pour mettre en avant les réformes déjà en cours, comme celle de l’allocation des moyens, « dont les premiers résultats se mesurent dès cette année, avec une répartition plus juste des créations de postes, tenant compte des difficultés des familles ».
La ministre célèbre aussi la nouvelle carte de l’éducation prioritaire, le dispositif « plus de maîtres que de classes« , ainsi que la création de nouveaux postes de RASED. Elle en profite pour rappeler la mise en place d’une « gestion plus juste des bourses », avec la réduction de leur « non recours » et le report, au collège, de la limite de dépôt de dossiers.
« Une école du plaisir d’apprendre et du travail en commun »
Pour trouver des solutions concrètes, Najat Vallaud-Belkacem a montré en exemple le projet pédagogique du lycée Le Corbusier d’Aubervilliers, où nombre d’élèves en situation de pauvreté réussissent malgré tout.
L’établissement permet ainsi à ses élèves de rester travailler jusqu’à 19h, dans une salle de travail (plutôt que chez eux). Il propose aussi des sorties culturelles gratuites, des cours en petits effectifs (22 élèves), ainsi que des « calculatrices bradées ».
Le lycée Le Corbusier d’Aubervilliers est aussi cité en exemple dans le rapport de Jean-Paul Delahaye, « Grande pauvreté et réussite scolaire ». Le document décrit une « école du plaisir d’apprendre et du travail en commun ».
Le lycée a mis en place un projet, « L’Envol » : la solidarité est « le mot d’ordre », explique un élève dans le rapport. Ainsi, dans le cadre d’une « mutualisation du travail », les élèves les plus forts aident les plus faibles. « Le résultat, c’est une meilleure réussite globale, une meilleure entente entre élèves et une meilleure compréhension de l’école », peut-on lire dans le document.
Mobiliser les parents, différencier et aider les REP
A noter que le rapport de Jean-Paul Delahaye liste 68 préconisations, qui devraient être suivies dans leur majorité par le gouvernement. Parmi elles, outre les leviers budgétaires et les réformes déjà engagées citées plus haut : le déploiement des programmes de réussite éducative (PRE) autour des collèges REP+, une politique d’aide à l’hébergement (en internat) pour les élèves en difficulté, ou encore la création d’une mission « relation familles-écoles ».
Le rapport conseille aussi de s’assurer dans les ESPE que « les futurs enseignants ont bien reçu une formation sur les conditions de l’enseignement en REP », et de renforcer la formation continue.
En ce qui concerne la prise en charge concrète des élèves en situation de grande précarité, Jean-Paul Delahaye préconise une différenciation accrue – par exemple, en adaptant les horaires et les locaux de l’école, ou en accompagnant davantage le travail personnel de certains élèves.
Atteindre péniblement 49 millions d’euros de fonds sociaux au budget 2016, c’est petit bras quand on se souvient qu’en 2001 les mêmes fonds sociaux étaient….. à 73 millions d’euros ! Chacun sait que la pauvreté est bien plus grave et étendue aujourd’hui qu’en 2001….
+8 millions pour les élèves pauvres de toute la France, mais toujours des dizaines de milliards de cadeaux fiscaux à des grandes entreprises qui font des bénéfices…. Le ministère « passe à l’action » contre la pauvreté, vous êtes sûrs ??