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Une classe de seconde du lycée Kestler – les élèves sont tous munis de tablettes.

Marc Schumacher est professeur d’histoire- géographie au lycée Alfred Kastler de Guebwiller, près de Strasbourg. Depuis 2012, il utilise quotidiennement des tablettes numériques avec sa classe de seconde. « Il s’agit d’un projet pédagogique collectif, à l’initiative de l’établissement : ils s’en servent aussi dans les autres matières, toute l’année », note l’enseignant, qui a présenté son mode de travail original lors des dernières Net Journées, en mars 2015.

Associées à Moodle, une plateforme d’apprentissage en ligne qui fait le lien entre enseignant et élèves, les tablettes constituent, aux yeux de Marc Schumacher, un outil permettant de « rompre avec le cours magistral, durant lequel l’élève reste passif, puis devient actif une fois chez lui, ce qui peut entraîner des inégalités, tous n’ayant pas forcément un ordinateur personnel à la maison ».

Les élèves créent eux-mêmes le cours

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Un cours constitué de plusieurs « morceaux » produits par les élèves de M. Schumacher.

Marc Schumacher a mis en place des séances d’histoire-géographie « dans l’esprit de la classe inversée » – mais en présentiel. L’idée : faire créer le cours par les élèves, lors du temps de classe, via leurs tablettes. L’enseignant a organisé une « situation pédagogique active et collaborative », qui s’étale sur 6 heures.

Etape 1 : un travail collaboratif, en petits groupes, sur un thème commun. La classe est ainsi divisée en 9 îlots de 4 élèves. « Tous sont actifs. Ils font des recherches, partagent, échangent », décrit l’enseignant.

Les groupes travaillent sur des documents et sur des études de cas, en géographie (« les villes du Sud et du Nord ») comme en histoire (« la chrétienté médiévale »). Chaque élève « a une question à traiter, individuellement.

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Un exemple de production collective, à partir de travaux individuels, corrigée par l’enseignant.

Par exemple, un îlot devra travailler sur les moines cisterciens, ou sur les Cathares, mais chaque élève aura une question bien définie », explique Marc Schumacher.

Le cours produit par les élèves de M. Schumacher est d'abord regroupé dans Dropbox.

Le cours produit par les élèves de M. Schumacher est d’abord regroupé dans Dropbox.

A la fin de chaque séance, les membres du groupe se « corrigent mutuellement », puis « déposent leur travail collectif, un petit morceau du cours, dans un dossier partagé, en ligne, sur Dropbox… Ensuite, je corrige leurs productions, et je dépose mes corrections dans un autre dossier », explique le professeur d’histoire-géo.

Si les élèves désirent compléter leur travail en dehors du temps de classe, ils peuvent utiliser leurs ordinateurs personnels – « mais s’ils n’en ont pas, ils peuvent se rendre au CDI et bénéficier du matériel du lycée », relativise l’enseignant.

Chaque élève sera finalement évalué, et obtiendra à la fois une note individuelle et une note collective. « L’évaluation individuelle mais aussi collective est un moyen de motiver davantage les élèves, car ils sont responsables de la note finale, vis-à-vis de leurs pairs », ajoute-t-il.

« Je les guide, mais ils produisent l’oeuvre finale »

Lors de l’étape 2, les groupes sont réunis. « On partage les productions des îlots, et j’ajoute les éléments qui manquent. A partir de pistes et d’éléments complémentaires que je leur donne, ils corrigent ensemble tout ce qui a été réalisé. Ainsi, le cours est-il achevé », indique Marc Schumacher.

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Un travail collectif, composé de plusieurs travaux individuels regroupés dans un wiki.

Une fois le travail de correction terminé, « chaque groupe doit publier sa production, sur Moodle. Les travaux sont regroupés, dans des wikis (accessibles à tous les élèves de la classe), et ils sont à nouveau corrigés et notés, à travers une évaluation collective.

Devenus acteurs, « les adolescents sont davantage motivés, plus autonomes. Ils retiennent mieux ce qu’ils ont eux-mêmes produit, et les résultats s’en ressentent », selon Marc Schumacher. Le rôle de l’enseignant change, conclut-il : « je deviens un chef d’orchestre. Je les accompagne, je les guide, mais ce sont eux qui produisent l’oeuvre finale ».

En parallèle, Marc Schumacher incite ses élèves à partager (sur Moodle) des définitions, qu’ils ont eux-mêmes rédigées. Pendant d’autres séances, durant lesquelles l’enseignant dispense un « cours magistral », la prise de notes est « réinventée » : les élèves « n’écrivent rien pendant le temps de classe ».
« A la fin, je leur envoie, sur leur tablette, un plan détaillé, avec des flèches. Puis je leur demande de résumer ce qu’ils ont retenu et compris du cours », explique Marc Schumacher. Une fois rentrés chez eux, les élèves retrouvent le cours, rédigé par leur professeur, sur Moodle.

[warning]La ‘flipped classroom‘ concerne le primaire comme le secondaire, et peut faire l’objet d’un grand nombre d’applications pédagogiques. Cet article fait ainsi partie d’un vaste dossier sur la classe inversée, à découvrir ![/warning]