Deux syndicats ont dénoncé mercredi un potentiel « classement » voire « fichage » des professeurs par le rectorat de Toulouse en fonction de leur opinion sur la réforme des collèges, un terme contesté par le rectorat qui a cependant reconnu une « faute » de la part d’un inspecteur.

Les responsables locaux du SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, et du SNALC-FGAF, minoritaire et classé à droite, ont relevé des propos tenus dans un article de l’Agence Education Formation (AEF) daté du 29 septembre.

Le texte traitait d’une réunion du personnel académique relative à la formation des enseignants à la réforme des collèges, qui doit s’appliquer à la rentrée 2016 et qui est contestée par une partie des syndicats.

Il y est fait mention d’un « outil de pré-repérage pour détecter les établissements dans lesquels la formation prévue dans le cadre de la réforme du collège s’annonce +complexe+ ».

Les chefs d’établissement sont notamment invités à estimer, de façon anonyme, si leurs enseignants « font partie du groupe des +opposants, rebelles, hostiles, irréductibles+, du groupe des +attentistes, passifs, indifférents, indécis+ ou du groupe des +progressistes, proactifs, convaincus, avocats ou relais+ », explique un inspecteur cité dans l’article.

« Il s’agit ni plus ni moins que de ficher les opposants à la réforme », s’est indigné Jean-Christophe Deydier, secrétaire académique du SNALC Midi-Pyrénées.

« On voit là une nouvelle preuve dans l’académie de Toulouse d’un dialogue social malmené et d’une volonté de faire passer à tout prix cette réforme », a-t-il poursuivi.

« C’est totalement inacceptable », a jugé Christophe Manibal, secrétaire du SNES en Haute-Garonne. « Au-delà du fait que c’est un aveu de fébrilité du rectorat et donc à mon avis du ministère lui-même vis-à-vis de la réforme, c’est une remise en cause de l’indépendance du fonctionnaire », a-t-il ajouté.

Le rectorat s’est défendu de ces accusations dans un communiqué mercredi soir. « S’il n’était pas question de fichage – contrairement à ce que certaines allégations ont pu laisser entendre – il n’en demeure pas moins que [le document présenté lors de la réunion] est contraire à l’esprit du plan de formation mis en place dans l’académie de Toulouse », peut-on lire dans le communiqué.

« Dès lors qu’elle en a eu connaissance, la rectrice a convoqué l’inspecteur qui a commis cette faute afin d’en tirer toutes les conséquences », précise le rectorat, qui ajoute: « Le plan de formation académique repose sur la confiance aux établissements et aux personnels éducatifs. »

Le 17 septembre, un tiers des professeurs de collège ont fait grève contre la réforme selon les syndicats, moitié moins selon le ministère. Une manifestation nationale est prévue à Paris samedi.