L’association « Lire pour en sortir » soutenue par le Secours catholique a lancé un programme pour développer la lecture en prison et favoriser la réinsertion des détenus, qui peuvent bénéficier de remises de peine s’ils s’investissent.

« Les vraies causes du crime s’appellent la misère et l’inculture, la révolte du déshérité, la peur de l’avenir, la haine des autres et la détestation de soi », a estimé Alexandre Duval-Stalla, avocat et président de « Lire pour en sortir » lors d’une conférence de presse mercredi à Paris. Il s’agit pour le détenu, grâce à la lecture, de « prendre possession de sa propre dignité ».

Son association a poussé à l’adoption d’un amendement à la loi de réforme pénale, entré en vigueur le 1er octobre 2014, qui permet d’obtenir des réductions de peine supplémentaires « dans l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul, en participant à des activités culturelles et notamment de lecture ».

En prison, « 22% des détenus ont des difficultés de lecture très importantes, 30% ont un cursus scolaire court ou ont eu un échec scolaire, 5% ne parlent pas français et 5 % le parlent de façon rudimentaire », a détaillé Nathalie Faure, chargée du développement culturel à la direction de l’administration pénitentiaire.

« La lecture donne une grande autonomie à la personne, une liberté de pensée (…), permet un travail sur soi, sur l’acte qu’on a commis », a-t-elle estimé, expliquant que le « pari » était de « réduire le risque de récidive » et d' »amorcer un processus de transformation de la personne ».

L’initiative a débuté à Châlons-en-Champagne en juin, avec plus de 50 personnes inscrites et devrait s’étendre aux établissements pénitentiaires de Mont-de-Marsan, Nice, Longuenesse, Fresnes et Albi.

Les détenus choisissent un livre et réalisent une fiche de lecture, répondant à des questions sur l’auteur et le livre, notant quelques citations marquantes, livrant leurs réflexions sur l’ouvrage. Les bénévoles ont noté que leurs choix se portaient sur des livres « extrêmement classiques », d’auteurs comme Balzac ou Flaubert.

A Châlons, une personne condamnée à une courte peine a déjà bénéficié de quelques jours de remise de peine.

Cette initiative prend exemple sur un programme lancé en 2009 au Brésil, « Reembolso a travès de la lectura », qui prévoit de réduire de 4 jours la peine d’un détenu pour chaque livre lu.