Les syndicats d’enseignants sont « abasourdis » par l’annonce d’une dictée quotidienne obligatoire à l’école élémentaire, après l’annonce vendredi de la ministre de l’Éducation, qui a présenté les nouveaux programmes scolaires du CP à la troisième.

« Je suis abasourdi. On a rien contre la dictée mais c’est la première fois qu’une ministre décide toute seule de ce que doit faire chaque jour un professeur des écoles dans sa classe », a déclaré à l’AFP Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, premier syndicat dans le primaire.

« D’un côté, elle déclare vouloir promouvoir l’autonomie des équipes et des établissements » dans le cadre de la réforme du collège, « et de l’autre, elle explique aux professeurs des écoles comment faire classe », s’est-il indigné. « J’attends qu’elle explique aux professeurs agrégés de philosophie comment enseigner! »

Même colère du côté du Sgen-CFDT, un autre syndicat enseignants. « Un ministre se pose en premier pédagogue en voulant imposer sa vision de la meilleure façon d’enseigner », déplore l’organisation. Les professeurs des écoles « en ont assez de l’infantilisation dont font preuve beaucoup de ministres de l’Éducation nationale ».

Najat Vallaud-Belkacem a annoncé que la priorité à la maîtrise des langages se traduirait dès la rentrée 2016 par un entraînement quotidien à la dictée, au calcul mental et la lecture à haute voix.

L’accent mis sur les fondamentaux semble destiné à couper court à de nouvelles critiques de la droite, dont les ténors insistent régulièrement sur l’importance du « lire, écrire, compter ».

Selon le responsable du SNUipp-FSU, « il faut bien évidemment faire de l’orthographe en classe, mais cela ne peut pas se réduire à une dictée ». « Nous n’attendons pas la ministre pour qu’elle nous explique comment faire en classe, nous l’attendons du côté des ressources pédagogiques et de la formation continue. »

Au ministère, on précise qu’une dictée par jour ne signifie pas une dictée formelle chaque jour, mais que cela peut être écrire sous la dictée un énoncé d’exercice de calcul, ou bien les consignes dans un cours d’histoire par exemple.

« Il s’agit de plus solliciter les élèves dans ce domaine » car « on avait constaté un usage fréquent des polycopiés avec des textes à trous ». Le ministère propose donc de pratiquer moins ce genre d’exercices et de se recentrer sur la copie de phrases complètes.