La réforme du collège n’en finit pas d’attirer les hostilités. Alors qu’une intersyndicale enseignante composée entre autres des syndicats SNES, SNEP, CGT Educ’action, SNALC, SNETAA-FO et SUD appelle à une grève ce jeudi 17 septembre contre son application, la Société des agrégés invite ses adhérents à rejoindre le mouvement. Dans une déclaration publiée mardi, elle réclame « le retrait de la réforme et de véritables discussions pour remédier aux défauts du collège unique ».
Supprimer les options latin et grec, une « dramatique erreur »
Pour la Société des agrégés, la réforme « participe d’une politique qui consiste à reporter sur les seuls professeurs et sur leur enseignement la responsabilité d’un échec dû à de nombreux facteurs, notamment extra-scolaires ». En effet, « elle accentuera les disparités qui existent déjà entre établissements en raison de leur situation géographique et de leur évolution historique », souligne-t-elle.
Par ailleurs, la réforme du collège « déconsidère la France au plan européen et international quant à sa volonté de rapprochement avec ses voisins par la transmission de leurs langues et cultures », estime la Société. La suppression des classes bilangues et sections européennes « entraînera notamment une diminution drastique de l’enseignement de l’allemand, langue du premier partenaire de la France en Europe ».
Elle condamne également le remplacement des options latin et grec par « un système complexe et aléatoire à deux étages (enseignement complémentaire et enseignement de complément) ». Pour Blanche Lochmann, présidente de la Société, « c’est une dramatique erreur ». Sur le site Savoirs et connaissances, elle fustigeait cette disposition il y a quelques semaines. « La niaiserie bêtifiante menace trop souvent l’école et est en total décalage avec les attentes et la vie des élèves », déplorait-elle. « L’étude des civilisations grecque et romaine permettait, en complément de l’Histoire, de comprendre l’origine de notre démocratie et du monde dans lequel nous vivons tandis que la découverte d’une littérature exigeante, évocatrice, parlant à la sensibilité permettait de faire contrepoids à cette tendance inquiétante ».
Une lettre adressée à François Hollande
Dès le mois de mars 2015, la Société des agrégés s’était inquiétée des conséquences de la réforme du collège, qu’elle considérait comme un « nouveau cache-misère ».
Blanche Lochmann avait même adressé, en avril, une lettre à François Hollande pour lui faire part du « désarroi des professeurs ». « Il n’est pas supportable que la comédie des consultations-éclairs et des rapports rédigés par des spécialistes – qui, en réalité les écrasent de tout leur mépris – continue à aggraver ce désarroi », affirmait-elle, exposant les craintes des enseignants liées à la suppression du latin et du grec, des classes bilangues et à la disparition annoncée de l’allemand. Dans un courrier de réponse, Isabelle Sima, chef de cabinet du président de la République, rappelait que la réforme du collège se traduisait par « un renforcement de l’enseignement des langues vivantes« , puisqu’une seconde langue « sera enseignée dès la classe de 5e ». Selon Isabelle Sima, la réforme avait également pour objectif « de permettre à davantage d’élèves de s’intéresser aux langues anciennes », grâce à la mise en place d’un EPI « Langues et cultures de l’Antiquité » et d’un enseignement de complément en latin. Des arguments également avancés par la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem fin avril, et qui visiblement, n’avaient pas convaincu les agrégés.
La société des agrégés se heurte, (comme tous les professeurs opposés à la réforme du collège), à l’absence de dialogue de la part d’une ministre qui a passé sa réforme en force.
Le ministère rabâche un argumentaire inepte et refuse le dialogue avec les professionnels qui sont sur le terrain.
Cette réforme est une catastrophe pour les langues anciennes mais aussi pour l’allemand.
La ministre est sourde aux critiques. Elle se crispe sur une attitude de mutisme répétant à l’envie que la réforme se fera.
Après avoir fustigé les intellectuels opposés à sa réforme, elle n’entend rien de ce que disent les agrégés, les académiciens, les professeurs sur le terrain et beaucoup de parents qui sont inquiets pour l’avenir de leurs enfants.
Cette absence de dialogue est un aveu de faiblesse.