A la rentrée 2014, à Saint-Denis, 500 écoliers (soit 18 classes, dont 10 faisant partie d’établissements REP+) étaient arrivés dans une classe vide, faute d’enseignants disponibles. Ils avaient été renvoyés chez eux, ou accueillis dans des classes surchargées. S’en était suivie l’arrivée de contractuels, recrutés via Pôle Emploi, sans formation préalable.
Pour éviter de « revivre cela », la Ville (soutenue par les syndicats d’enseignants), qui explique sa démarche dans un communiqué, a lancé mardi 1er septembre, jour de la rentrée 2015, un dispositif de « contrôle citoyen », dans chaque école (67) de Saint-Denis.
Munis de questionnaires, des trios de « lanceurs d’alerte » (élus, parents d’élèves, enseignants) ont réuni des informations sur les effectifs et les moyens de chaque établissement, afin de « d’analyser les mesures prises par l’Education nationale et d’établir une appréciation générale ».
« Le service minimum a été assuré »
Objectifs visés par la mairie : obtenir « un enseignant formé dans chaque classe ; un maître supplémentaire, au moins dans chaque école REP+ ; le respect des seuils (25 enfants par classe en maternelle et 23 en élémentaire) ; un auxiliaire de vie scolaire pour chaque enfant porteur de handicap ; et des réseaux (RASED) complets et en nombre suffisant pour les enfants en difficulté ».
Dans un second communiqué publié peu après la rentrée, Didier Paillard, maire de Saint-Denis, indique que la mobilisation a « porté ses fruits », mais que les parents, enseignants et élus « comptent rester vigilants ». Ainsi, note-t-il, « après une année de mépris, l’Éducation nationale a enfin pris la mesure du sujet ».
Selon la municipalité, « le service minimum a été assuré » et la rentrée s’est « déroulée dans des conditions normales », avec la présence d’un enseignant dans chaque classe le jour de la rentrée. Mais « tous restent inquiets pour le reste de l’année car les remplaçants disponibles semblent avoir tous été mobilisés ». Le maire de Saint-Denis s’interroge : « que se passera-t- il pendant l’année si un enseignant est absent ? »
Les écoliers « victimes d’une discrimination territoriale »
« Les élus, les parents et les enseignants continuent de militer pour le respect du principe à valeur constitutionnelle d’égalité devant le service public », réclamant la fin des classes surchargées, le respect des seuils et un nombre suffisant d’enseignants. A noter que 30% seulement des « maîtres supplémentaires » promis par la réforme de l’éducation prioritaire ont été nommés, selon la Ville. « Les Rased sont toujours fort dégarnis, et les auxiliaires de vie scolaire manquent trop souvent », ajoute-t-elle dans le journal municipal, JSD.
En novembre 2014, Didier Paillard avait saisi le Défenseur des droits (Jacques Toubon) pour « discrimination territoriale, non-respect du droit à l’éducation et rupture de la continuité du service public ». Après étude du dossier, le Défenseur des droits avait répondu favorablement à cette requête, alertant l’Education nationale sur la situation de Saint-Denis et demandant « le suivi du dossier ».
« Comme l’a souligné Jacques Toubon, les écoliers de Saint-Denis restent victimes d’une discrimination territoriale », précise le maire. Ainsi, l’académie de Créteil est au 22e rang sur 26 des dotations pas élève. La dotation de la Cour des comptes d’avril 2012 a en outre relevé « que la dotation de l’Education nationale par élève est inférieure de 47% sur l’académie de Créteil par rapport à l’académie de Paris ».
Le « plan Seine-Saint-Denis » de Najat Vallaud-Belkacem
A chaque rentrée, la Seine-Saint-Denis accueille 2000 élèves supplémentaires, pour la plupart défavorisés. Lors de sa conférence de rentrée, Najat Vallaud-Belkacem a défendu la mise en oeuvre d’un « plan triennal, au profit des écoles du département ».
Aux côtés de différentes mesures (renforcer l’éducation prioritaire, augmenter le nombre de postes au concours externe, etc.) visant à améliorer la formation et l’accompagnement des enseignants, la principale concernait le renforcement du dispositif « Plus de maîtres que de classes« , et la création de 500 postes supplémentaires d’ici 2017. A la rentrée 2015, quelque 240 emplois ont déjà été créés, selon le ministère.
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