Refonder la gestion des ressources humaines, en revoyant l’évaluation des enseignants, en améliorant leurs conditions de travail, leurs rémunérations et leur recrutement : voilà le nouveau cheval de bataille du SE-Unsa.
Lors de sa conférence de rentrée, ce jeudi 27 août, Christian Chevalier, secrétaire général du syndicat, décrit la « constance » et la « détermination politique » d’un « quinquennat » qui a lancé « une densité de réformes cohérentes » inédite. Il salue la réforme des rythmes scolaires, ainsi que la nouvelle carte de l’éducation prioritaire.
Mais Christian Chevalier prévient qu’en octobre, le syndicat s’attaquera à la « nécessaire refonte » du DNB (diplôme national du brevet) et de l’évaluation des élèves, à travers des discussions avec le gouvernement. Il discutera aussi d’une question « fondamentale » : l’évaluation des enseignants.
Une « refondation de la gestion des ressources humaines »
Pour le syndicat, il est « indispensable » de faire évoluer un système « archaïque, anxiogène, infantilisant et inefficace », qui « porte la vision d’une école caporaliste, qui ignore le professionnalisme des personnels », et qui « n’est pas fondée sur la confiance, mais sur le contrôle ».
La refondation de l’École « va de pair avec celle du métier », indique Christian Chevalier, qui prône une « refondation de la gestion des ressources humaines (GRH) ». Pour le secrétaire général du syndicat, « un professeur d’aujourd’hui est très différent d’il y a 10 ans : c’est un professionnel, expert et dynamique, acteur de sa vie professionnelle et de sa vie personnelle ».
L’enseignant « du 21e siècle » se sait « responsable de son action pédagogique et cherche toujours de nouvelles façons de travailler », et dans le même temps, il « veut réussir dans son métier comme dans sa vie, en menant des projets pour lui », explique Christian Chevalier. Pour le SE-Unsa, la « refondation de la GRH » est une « vraie révolution culturelle ».
« Déconnecter évaluation et déroulement de carrière »
Concernant l’évaluation des enseignants, « elle doit devenir un rendez-vous de carrière personnalisé, régulier, permettant de tracer des perspectives de développement professionnel, et de répondre le cas échéant aux envies de mobilité », indique le syndicat.
Le SE-Unsa demande la « déconnexion entre évaluation et déroulement de carrière« . Christian Chevalier explique : « à partir du moment où l’inspecteur de l’éducation nationale (IEN) ne vous note pas (et que l’évaluation n’influe pas sur votre carrière et votre salaire), il prend un nouveau rôle, de conseil, d’accompagnement ». Ainsi « un rapport de confiance entre le professeur et l’IEN s’instaure », indique le secrétaire général.
Pour Stéphane Crochet, chargé au SE-Unsa des questions sur la formation des enseignants, « en offrant plus de soutien, cette évolution permettra de créer une dynamique collective, au lieu d’une dynamique personnelle ». Selon le syndicaliste, les enseignants « innovent seuls dans leur coin. Ils sont isolés, jamais reconnus, jamais accompagnés. Soit ils s’épuisent, soit ils réussissent – mais sans aucune reconnaissance ».
Recrutement et conditions de travail
Le SE-Unsa demande en outre une évolution dans la formation et le développement professionnel. « Les enseignants veulent développer leurs compétences pour faire évoluer leur pratique », explique Christian Chevalier. Le syndicat défend une formation continue et un accompagnement des équipes sur site, ainsi qu’un accès à « des formations diplômantes, en particulier dans les ESPE ».
Pour « refonder la GRH », le SE-Unsa défend une amélioration des conditions de travail par le biais d’un volume horaire plus adapté « aux réalités du métier ». Christian Chevalier décrit, « au delà des heures d’enseignement, des rencontres avec les familles et des corrections », une « inflation des réunions, du travail d’équipe et du travail à distance, qui rend souvent la semaine d’un professeur intenable ».
« Ré-humaniser la gestion de la mobilité géographique »
Les « enseignants du 21e siècle » étant avant tout « des individus du 21e siècle, profs un jour mais pas forcément pour toujours », et désirant « pouvoir exercer dans des lieux différents, avec des publics différents », la question de la mobilité géographique « ne doit pas être ignorée », remarque le secrétaire générale du syndicat.
« La mobilité géographique est gérée par des barèmes fondés sur des critères de composition de la cellule familiale et d’ancienneté. Ils ont vocation à objectiver les situations, et à les traiter équitablement », explique Christian Chevalier. « Pourtant, trop souvent, demeure chez les enseignants le sentiment de ne pas être pris en compte, dans leurs contraintes personnelles comme dans leurs projets professionnels », nuance-t-il.
Le SE-Unsa pense ainsi que la gestion de la mobilité géographique « doit être ré-humanisée, en rapprochant les lieux d’information et de conseil des enseignants », et que « des réflexions doivent être menées par le ministère pour chercher de nouvelles façons pour faire correspondre les besoins du système éducatif avec les envies, les qualifications et les profils professionnels des professeurs, qui ne cessent aujourd’hui d’évoluer au cours de leurs carrières ».
Toujours en ce qui concerne la mobilité, « le recrutement pour l’ensemble du territoire national semble être un frein pour les concours du second degré », indique Christian Chevalier. Ainsi, ajoute-t-il, « le profil des candidats a évolué : plus âgés, avec un parcours professionnel et une vie personnelle déjà installée, ils peinent à s’inscrire aux concours, faute de visibilité sur leurs premières affectations ».
Pétition pour l’ISAE à 1200 euros
Enfin, « la question de la rémunération se pose », constate le secrétaire général du syndicat, qui rappelle que selon les enquêtes internationales, les professeurs des écoles français « sont moins bien rémunérés que leurs homologues européens », et qu’il existe en « une disparité importante entre les niveaux d’enseignement ».
« Les professeurs des écoles ont à juste titre le sentiment d’un déclassement », déplore Christian Chevalier. Pour le SE-Unsa, le niveau de l’ISAE (indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves au bénéfice des personnels enseignants du premier degré), créé par Vincent Peillon en 2013, « demeure insuffisant ».
Ainsi, « son montant annuel de 400 € est encore loin de celui de l’ISOE du 2nd degré », indique le syndicat, qui a lancé une pétition le 25 août, afin que l’ISAE soit portée à 1200 €. « Avant la fin du quinquennat, le gouvernement nous a promis d’augmenter l’indemnité, vraisemblablement sur le budget 2016. La seule question qui reste une énigme est : à quelle hauteur ? », lance Christian Chevalier.
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