© Petro Feketa - Fotolia.com

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A une semaine de la rentrée, le SNUippFSU est revenu, lors de sa conférence de presse de rentrée, sur la promesse de campagne de François Hollande de donner « la priorité au primaire ». Pour Sébastien Sihr, secrétaire général du syndicat, « à deux tiers du quinquennat, force est de constater que le compte n’y est pas ».

Pour le SNUipp-FSU, la priorité à l’école primaire a été « vampirisée pendant 18 mois » par la réforme des rythmes scolaires. « L’amertume est grande chez les professeurs des écoles (PE) », note Sébastien Sihr, qui déplore « des annonces tonitruantes, et la relégation au second plan du primaire, derrière la réforme du collège ».

Le secrétaire général du SNUipp-FSU poursuit : « il est temps que cette priorité au primaire sorte de l’ombre. En terme d’annonces, nous avons été gâtés, mais les promesses n’ont pas vraiment été tenues ».

Le syndicat s’est notamment penché sur 3 chantiers « à revoir d’urgence » : la formation continue, les créations de postes, et les salaires des PE.

« Une formation continue indigente »

Classroom / shannonmatthew / Pixabay

Classroom / shannonmatthew / Pixabay

« Pour cette rentrée, de nouvelles dispositions pédagogiques vont dans le bon sens : nouveaux programmes pour la maternelle, réforme de l’éducation prioritaire, allègement du temps de travail des enseignants au profit de la relation aux familles », indique Sébastien Sihr.

« Mais pour que ces dispositions profitent aux élèves, il faut former les enseignants », prévient-il. Or, « la formation continue, qui connait une traversée du désert depuis 10 ans, ne trouve pas à cette rentrée de nouveau souffle et reste indigente ».

Bien que Najat Vallaud-Belkacem ait « multiplié les promesses d’un plan de formation continue, dans la réalité, les enseignants ne voient aucun changement », constate Sébastien Sihr.

Classe de maternelle © Tyler Olson - Fotolia.com

Classe de maternelle © Tyler Olson – Fotolia.com

Le secrétaire général du SNUipp-FSU s’intéresse notamment à l’école maternelle, « là où tout se joue ». Les nouveaux programmes « suggèrent de nouvelles pratiques, autour du langage, de l’évaluation, de la place du jeu, du développement du corps… mais elles ne vont pas s’improviser ! », lance-t-il. Et de déplorer : « hélas, l’année dernière, le ministère n’a pratiquement rien fait pour préparer les enseignants à la mise en place de ce programme ».

Le syndicat note notamment un  » énorme retard » dans la transmission des programmes aux enseignants, ainsi que des documents d’accompagnements, qui « empêche les enseignants de mettre en place, à une semaine de la rentrée, leur programmation ».

Un ministère « obnubilé par la réforme du collège »

Classe maternelle © Dmitry Vereshchagin - Fotolia.com

Classe maternelle © Dmitry Vereshchagin – Fotolia.com

A la lecture des plans de formation départementaux, Sébastien Sihr constate en outre que « le plus grand volant de formation concerne toujours les formations ‘institutionnelles’ (stagiaires, directeurs) ».

Il note aussi que la formation sur les priorités nationales (nouveaux programmes maternelle, EMC, nouveaux dispositifs, REP) « ne représente que quelques heures à destination d’un trop faible nombre d’enseignants ». Par exemple, dans l’Eure, département qui propose le plus de formations, « il n’y a qu’un stage de 24h pour 60 enseignants de maternelle sur 924 au total, et rien de prévu pour l’EMC », relève Sébastien Sihr.

EcolePour le SNUipp-FSU, « tout le monde n’est pas logé à la même enseigne : le ministère semble obnubilé par la réforme du collège et a remisé au placard la priorité au primaire ». Sébastien Sihr va jusqu’à dénoncer « une forme de mépris inacceptable à l’endroit de l’école maternelle et de ses enseignants ».

Le syndicat « ne demande pas d’annoncer une mesure par semaine, mais d’appliquer celles déjà lancées ». Pour Sébastien Sihr, « la formation continue doit être aujourd’hui la grande priorité pour l’école primaire ! »

Le primaire « en quête de moyens » humains

tableau d'école

© RAM – Fotolia.com

Le syndicat demande également au gouvernement « de passer à la cadence supérieure » en ce qui concerne la création de postes de professeurs des écoles. Alors qu’avec la Refondation de l’Ecole, le gouvernement a promis de créer 20 000 postes supplémentaires d’ici la rentrée 2017, « à peine 9000 postes ont été créés (2511 cette année), alors que nous sommes à deux rentrées de la fin du quinquennat » de François Hollande.

Alors que le gouvernement « doit financer la réforme de l’éducation prioritaire », appliquer le dispositif « Plus de maîtres que de classe » et scolariser les moins de 3 ans, « le volume de création de postes reste insuffisant, et ne couvrira pas l’ensemble des besoins », constate Sébastien Sihr.

Selon l’enquête du SNUipp-FSU, à la rentrée, ne seront « ouvertes au mieux que 464 classes de plus, pour 25 400 élèves de plus, soit une classe ouverte pour 55 élèves supplémentaires ». Ainsi, note le syndicat, « le nombre d’élèves par classe augmentera automatiquement ».

professeur tableau noir

Professeur et tableau noir © Sergey Nivens – Fotolia.com

Sébastien Sihr déplore dans le même temps « une crise du recrutement qui perdure ». Selon le SNUipp-FSU, « la désaffection pour le métier d’enseignant est visible dans toutes les académies ».

Le syndicat enjoint le gouvernement à « ouvrir des postes aux concours », et demande que « les listes complémentaires soient utilisées pour pourvoir les postes non attribués, au lieu de passer par des contractuels ».

Salaires : « une revalorisation urgente »

Face au « manque d’attractivité » du métier de PE, le SNUipp demande « une revalorisation urgente » des salaires.

© Prod. Numérik - Fotolia.com

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Le syndicat indique qu’un professeur des écoles « touche 800 euros de moins par mois qu’un enseignant allemand, et 349 euros de moins par mois qu’un professeur de second degré français à qualification égale ».

Sébastien Sihr rappelle le gouvernement « s’est engagé depuis 2012 à revaloriser » l’indemnité de suivi et d’accompagnement dans le premier degré (ISAE) (400 euros par an), « pour la porter au niveau de celle du second degré (l’ISOE), qui est de 1200 euros par an ».

Najat Vallaud-Belkacem « nous a promis de s’en occuper, mais cela fait un an que nous attendons un acte concret », ajoute le secrétaire général du syndicat. Le syndicat demande ainsi une « véritable égalité des rémunérations ».

Le SNUipp-FSU demande, plus généralement, « une discussion sur le métier de professeur des écoles », qui ne serait pas reconnu à sa juste valeur.

« Il faut maintenant aider les enseignants à s’approprier les mesures annoncées, et soutenir réellement l’école primaire. Beaucoup reste à faire en sa faveur, si nous ne voulons pas que la priorité au primaire ne soit qu’une petite imposture dans deux ans », conclut Sébastien Sihr.