Les gardes de François Ier, chapeau à plumet sur la tête, engoncés dans des pourpoints de cuir, tambour de guerre ou arquebuse en main, s’apprêtent à faire leur entrée pour la reconstitution de la plus connue des batailles pour les écoliers de jadis: Marignan, 1515.

En fond de scène, un château de 20 mètres de long, qui sera canonné –à blanc– et une tribune destinée à la cour pour un spectacle organisé jusqu’à lundi à Romorantin (Loir-et-Cher) et à Amboise (Indre-et-Loire).

Plus de 300 figurants et « reconstituteurs », quelques comédiens professionnels et une cinquantaine de techniciens de France, d’Allemagne et d’Italie, se sont lancés dans l’aventure: rejouer le spectacle réalisé en mai 1518, trois ans après la bataille, par Léonard de Vinci et Dominique de Cortone, l’architecte de Chambord, à la gloire du roi-chevalier et de sa première victoire.

« Le roi avait fait rejouer cette épopée en Touraine, à l’occasion du mariage de Laurent II de Médicis et de Madeleine de la Tour d’Auvergne. Il s’agissait de mettre en valeur le roi de guerre, le tout-puissant triomphateur des Helvètes. Ce jour-là, Marignan n’est pas mentionné, mais tous les cavaliers qui reconstituent la fête ont combattu là-bas », explique à l’AFP Pascal Brioist, professeur agrégé d’histoire, spécialiste de la Renaissance et superviseur du spectacle.

Tous les ambassadeurs d’Europe furent invités à cette fête de propagande qui aurait réuni plus de 10.000 hommes de troupe. Fantassins, reîtres et lansquenets avaient rejoué la scène sur les prés d’Amboise.

Les 13 et 14 septembre 1515, la bataille de Marignan, ville située à 16 km au sud-est de Milan, fut l’une des plus meurtrières de l’époque, rappelle Pascal Brioist. « Ce fut une boucherie, un niveau de violence inouï. Selon les textes, il y a eu entre 12.000 et 16.000 morts en 16 heures », explique-t-il.

Didier Guénin, premier adjoint au maire de Romorantin, l’un des instigateurs de ce projet ambitieux, déborde d’enthousiasme: « Cette oeuvre est une deuxième Joconde, je la considère comme un spectacle inédit de Léonard de Vinci! ».

Mais pourquoi célébrer les 500 ans de la bataille de Marignan à Romorantin? Une évidence selon lui: « Le roi François Ier a grandi ici. Et c’est à Romorantin que devait être construit Chambord . Des plans de Léonard de Vinci, représentant son projet de château, en attestent. »

(24 et 25 juillet à 18H30 à Romorantin, 26 et 27 juillet à Amboise à 18H30).