Où en sont les Moocs ? Olivier Rollot, ancien rédacteur en chef du Monde Etudiant, aujourd’hui chez HEADway, un « groupe de conseil spécialisé » pour les universités, a interrogé sur son blog Catherine Mongenet, qui a lancé en 2013 France Université Numérique (FUN), la plateforme nationale de Moocs.
FUN propose plus de 100 Moocs francophones, conçus par des universités et des grandes écoles. En tout, 50 établissements sont présents sur la plateforme, « loin des 80 universités, 200 écoles d’ingénieurs et 40 écoles de management de premier ordre qui existent en France », note Olivier Rollot.
Les SPOC privilégiés dans certaines universités
« Le choix de se lancer dans la conception d’un Mooc relève de la stratégie de chaque établissement », explique Catherine Mongenet. Ainsi, certaines universités ou écoles « considèrent que leur priorité ce sont leurs propres étudiants, et préfèrent développer des Spocs (Small Private Online Courses) », ajoute-t-elle. Les Spocs sont une version plus cloisonnée des Moocs. Les participants sont sélectionnés, et encadrés par un « tuteur ».
« Des exemples de réutilisation de Mooc en Spoc existent sur FUN, à l’image d’un Mooc réalisé par une école de l’Institut Mines Télécom utilisé en Spoc dans une autre école de l’Institut et dans une école d’ingénieurs en Tunisie où il est utilisé en classe inversée », indique Catherine Mongenet à Olivier Rollot.
« Nouvelle façon de travailler » pour les enseignants
Dressant un bilan, Catherine Mongenet revient sur l’expérience des enseignants qui ont réalisé des Moocs sur FUN. « Leur façon de travailler à changé, leur métier n’est plus un exercice solitaire mais un travail d’équipe, avec des ingénieurs pédagogiques et des experts audiovisuels », explique-t-elle.
Les enseignants « n’enseignent plus de la même façon, même face à un auditoire, car les Moocs leur ont demandé plus de précision et d’efficacité face à la caméra. »
Les Moocs pour remplacer les cours magistraux ?
Concernant le déploiement possible de Moocs au sein même de l’université, la chargée de mission FUN cite l’exemple de l’EPFL (École polytechnique fédérale de Lausanne) de Lausanne, en Suisse, qui utilise les Moocs et la classe inversée à la place des cours magistraux : « beaucoup d’étudiants disent préférer suivre le cours sous forme de MOOC plutôt que le cours magistral, parce qu’ils peuvent travailler quand ils le veulent ».
Reste la question du modèle économique des Moocs : « ils coûtent plus cher qu’ils ne rapportent et personne n’a de modèle économique », explique Catherine Mongenet à Olivier Rollot. Et de préciser qu’un Mooc « standard » (6 semaines de cours, 50 minutes de vidéo par semaine) coûte « en moyenne 50 000 euros ».
Le fait de filmer les cours ne réduit pas les coûts uniquement par la suppression des cours magistraux, mais également en permettant une meilleure utilisation du temps des enseignants pour se concentrer sur des activités à forte valeur ajoutée pour leurs élèves.
De plus, parler de modèle économique n’est pas forcément juste. Comme le dit si bien Rémi Bachelet, il y a une part importante de marketing dans un Mooc, dont le but est, à la fois de faire connaitre son établissement (en France et dans le monde), mais également « tenir son rang ». En effet, de nombreux classements d’universités et écoles prennent désormais en compte le fait de faire des Mooc ou non.
D’ici peu de temps, la qualité, la notoriété ou le classement des Mooc produit par les établissements pourraient avoir un impact plus important dans le classement des établissements, ne pas se lancer semble risqué.
Cet article enrichira le débat actuel dans mon centre de formation