Les élèves redoublent nettement moins aujourd’hui qu’il y a une quarantaine d’années à l’école élémentaire, selon une étude du ministère de l’Education publiée mercredi, qui souligne à nouveau l’importance de l’origine sociale d’un écolier dans sa trajectoire scolaire.
En 1978, 20% des élèves de CE2 avaient au moins un an de retard sur leurs camarades. Ce taux a reculé à 12% en 1997 et 6% en 2011, détaille la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), qui a suivi trois panels d’élèves pendant leur scolarité au primaire. « Mais tous les élèves n’ont pas bénéficié de la même manière du recul du retard en début d’école primaire. »
En 1978, un tiers des enfants d’ouvriers non qualifiés affichaient au moins un an de retard au CE2, un taux ramené à 11% en 2009. Pour les enfants d’ouvriers qualifiés, la proportion est passée de 22% à 9% sur cette période. Dans les catégories sociales favorisées, les redoublements sont restés rares: 1,3% pour les enfants d’enseignants et 1,7% pour les enfants de cadres, en 2011.
A niveau scolaire égal, l’influence du milieu social reste forte. En 1997, les 10% d’élèves les plus faibles scolairement et issus de milieux favorisés avaient deux fois moins de risques de redoubler en primaire que les enfants de milieux défavorisés (ouvriers et inactifs). L’écart s’est réduit dans les statistiques de 2011, peut-être en raison de l’augmentation du niveau des diplômes des parents, en particulier pour les plus défavorisés.
L’enquête montre que le principal facteur d’influence sur la suite du parcours scolaire est le niveau des acquis de l’élève en début de CP. Plus ce niveau est faible, plus il risque de redoubler. Et les résultats de cette évaluation de début CP dépendent là encore, en partie, de l’environnement social et culturel, ainsi que du temps passé en maternelle.
« Passer au moins trois ans à l’école maternelle est un avantage pour accéder sans redoubler au CE2 »: la part des élèves ayant redoublé est quasiment multipliée par deux si l’élève n’y a passé que deux ans ou moins.
Autres facteurs jouant un rôle dans l’accès au CE2 sans retard: vivre avec son père et sa mère plutôt que dans une famille monoparentale ou recomposée, grandir dans une famille de moins de quatre enfants (la part des élèves de familles nombreuses « en retard » est deux fois plus importante que celle des enfants de familles de trois enfants ou moins), le niveau de diplôme de la mère (plus il est élevé, moins l’enfant risque de redoubler).
« Même si aujourd’hui, le redoublement est exceptionnel, les élèves qui conjuguent plusieurs facteurs, tels qu’un milieu social défavorisé, une famille monoparentale, une mère peu diplômée, sont davantage touchés par le redoublement que les autres », conclut l’étude.
Le redoublement a beaucoup diminué ces dernières années, plusieurs études montrant son inefficacité pour juguler l’échec scolaire, mais il reste encore bien plus répandu en France que chez ses voisins européens. Selon un décret paru en novembre, il doit être désormais « exceptionnel ».
L’étude internationale PISA, publiée tous les trois ans, souligne régulièrement l’importance en France, plus que dans d’autres pays comparables, du milieu social d’un élève sur son destin scolaire.
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